Émigration depuis le Cantal vers l'Espagne
Pour des raisons que l'on pourra trouver à la fin de cette page il y a eu depuis au moins le 16è siècle une émigration significative (temporaire et définitive) d'habitants de la Haute-Auvergne (Cantal) vers l'Espagne et en particulier dans la région de la Castille.
Sommaire
- 1 Cantal vers Espagne des boulangers, chaudronniers, marchands (de Bestiaux et drapiers)
- 2 Témoignages par zone d'implantation surtout en Castille (autour de Madrid)
- 3 vers l'Espagne ... depuis Crandelles (Cantal)
- 4 vers l'Espagne ... depuis l'Aveyron
- 5 vers l'Espagne ... depuis la Corrèze
- 6 Voyage du Cantal en Castille
- 7 Pourquoi l'Espagne ?
- 8 Pourquoi l'Espagne par Marie Bardet
- 9 Pour quelle raison l'Espagne accueillait-elle autant d'immigrés ?
Cantal vers Espagne des boulangers, chaudronniers, marchands (de Bestiaux et drapiers)
Source : " Migrants de Haute Auvergne,trois siècles sur les routes" de Jean-Claude Roc et Huguette Pagès aux éditions Watel,à Brioude" En 1646,Cordoue compte deux boulangeries françaises
En 1866 , 302 Cantaliens sont boulangers à Madrid
Gaspard LABASTROU,né le 13 septembre 1738 à Escorailles se marie avec Jeanne MAURIAC et décède le 15 juin 1809
Jean MALBEC,de Trebiac,paroisse de Mauriac,est décédé en mai 1748 à l'hôpital royal de Madrid
Jacques BONHOMME et Joseph PAGES,de Chaussenac,sont garçons boulangers à Madrid en 1768
Jean VESCHAMBRE est décédé en 1768 à Madrid
Augustin CLAMAGIRAND,né en 1777,se marie en 1812 à St Mamet avec Marie COMBES,née en 1786 et décédée en 1856.Augustin décède en 1847 à Tolède
Jean-Baptiste LACAZE,Clément MARCOU,Jean CANTUEL,du Pontal,commune d'Ytrac,exploitent en 1808 deux boulangeries à Villaviciosa dans les environs de Madrid
Pierre VEZOLS et Guillaume TIBLE sont à Madrid en 1815
Pierre CLAMAGIRAND,fils d'Auguste,est né le 26 février 1830 à Fourgues,commune de St Mamet.Pierre se marie en 1857 avec Elisabeth LACAMBRE
Jean CLAMAGIRAND,né le 5 février 1833 à Fourgues,commune de St Mamet,boulanger à Madrid et à Tolède,se marie en 1863 à Omps avec Marie PRAT.Il décède le 17 mai 1884 à Fontpeyrouse,commune d'Omps.
Antoine JARRIGE,né en 1850 à St Cirgues de Malbert,employé à 16 ans chez son père,Mathieu JARRIGE,l'un des boulangers les plus cossus de la colonie,rue Ballesta,meurt à Madrid à 68 ans comme journalier.
Hilaire THERS,né le 2 mars 1852 à Parlan,épouse Laurencia HOMBRADO,née le 10 juillet 1858 à Campillo de Ranas ( Guadalajara)
Denis CLAMAGIRAND,né le 20 juin 1864 à Fontpeyrouse est à Tolède.Il y épouse Josefina JIMENEZ et y décède le 13 mars 1909
François PRAT de Boisset et Bertrand TRAISSAC de Laroquebrou,sont à Madrid en 1878
Marie RICROS,soeur de Justin CHARLES,née en 1888 à Ste Eulalie,s'est installée en 1907 à Navalcarnero après son marriage avec Alphonse RICROS,boulanger,né en 1875 à St Martin Cantales,parti à l'âge de 16 ans et décédé en 1945
Justin CHARLES,né en 1891 à St Eulalie,parti à l'âge de 17 ans est décédé en 1975 à Navalcarnero
Louis MONTAGUT,né en 1901 à St Illide,est décédé en 1917 à Navalcarnero
Léon CLAMAGIRAND a émigré à Tolède.Il se marie à Aurillac avec Lydie DEJOU et reste en France
Ludovic CLAMAGIRAND est à Tolède et se marie à Glénat avec Anais BRUEL.Ludovic est resté en France après son marriage
Geraud GRIFUELHES et Jean PICQUART,d'Ytrac,sont à Villaciosa
Des chaudronniers
Jean VAQUIER né à Carbonat,paroisse d'Arpajon, maitre-chaudronnier à Grenade en 1724
Jean MARCENAC né à Saint Martin Valmeroux, fait commerce de cuivre en Catalogne en 1740
Jean MARCENAC né en 1741 à Tourniac part à 16 ans faire apprenti chaudronnier durant 30 mois à Baniols en Catalogne.
Jean CANTUEL d'Ytrac est en Espagne en 1766.
Antoine LAFARGE de Chalvignac, fait des va-et-vient avec l'Espagne depuis 14 ans ( 8 mois de campagne). A été bon pour la milice durant son absence.
Pierre MONTAGNE d'Escorailles, est chaudronnier ambulant à Tourente en 1782.
Vincent DAMAISON de Pleaux, est maître chaudronnier à Ripoul en Catalogne en 1783.
Guillaume TIBLE de Marchastel, est établi à Majorque et engage le 29 septembre un compagnon chaudronnier d'Aurillac.
Pierre MAINSAC de Drugeac, est à Terrassona d'Arajar en 1789.
Gérard ABEIL du Pontet, paroisse d'Ytrac, s'engage dans son contrat de mariage du 1er août 1790 à conduire avec lui son jeune beau-frère en Espagne.
Pierre DULAC,de Pleaux, est en Espagne depuis plus de 20ans en 1793 et n'a donné aucune nouvelle à son épouse Marie CHAZELLE depuis son départ.
Jacques RIBES né vers 1800 à Fontanges, est marchand chaudronnier en Espagne.
Guillaume et Augustin DUMAS nés à Valette en 1872 et 1879, de Saint Martin Valmeroux, sont potiers d'étain à Madrid à la fin du XIXème siècle.
Les marchands
Guillaume LINTILHAC est né en 1605 à Puezac, près d'Aurillac. Laboureur mais aussi marchand dans le royaume d'Espagne, il se marie avec Antoinette GREUCHE, née en 1609 à La Combe et qui meurt en 1634. Guillaume se remarie avec sa belle soeur Antoinette et décède en 1664.
Geraud ABEIL, Géraud LACARRIERE et Jean LAPARRA forment une société en 1648 pour vendre de la dentelle d'Aurillac en Espagne
Pierre MOISSIGNAC né en 1706 à Le Cassan, commune de Siran, se marie en 1736 avec Mariane CLAMAGIRAND et décède en 1748
Jean COMBES né le 6 juin 1724 à Lascombes, communede Pers, se marie avec Jeanne TEYSSEDOU
Guillaume LOUSSERT né en 1740 à Brezons, est marchand en Espagne. Il est décédé le 23 février 1786 à Brezons
Jean SERRES de St Etienne de Maurs est marchand en Espagne dès 1740
Antoine MOISSIGNAC né à Glénat, se marie en 1747 avec Constance MERCADIER
Jacques MOISSIGNAC né à Cassiex, commune de Glénat avec Anne VER. Il décède en Espagne en 1761
Bernard COMBES né le 5 novembre 1765 à Fourgues, commune de Pers, se marie en 1786 à Glenat avec Anne MOISSIGNAC. Bernard est rapatrié de Cadix pendant la Révolution.
Guillaume TRONQUEL de St Christophe, est marchand en Espagne à trois reprises : en 1782,1785 et 1792
François JOANNY de Fontanges est marchand en Espagne en 1790
Les marchands de Bestiaux
Antoine DARSES né en 1806 à Glenat, est marchand de checaux à Madrid, en 1827
JosephFAYET de Chaussenac, est propriétaire d'un commerce de bestiaux, de chaudrons et de draps en 1832
Henri FABRE né en 1876 à Salers, est marchand de vaches à Madrid en 1898
Les marchands drapiers
Jean et Joseph CAZAL, de Pleaux, sont commerçants en cuivre, drap et toile en 1808
Andrieu BELAUBRE né en 1875 à St Victor de Laroquebrou, arrive dans la maison de Parla à 30 ans comme simple ouvrier et prend sa retraite à 45 ans.
Philippe VOLPILHAC né en 1876 à Aurillac, entre à l'âge de 21 ans, le 15 juillet 1897, dans la société Parla où il devient sociétaire à part entière le 1er octobre 1905
Louis SELINGE, né en 1878 à St Etienne-Cantales, dans une famille rurale, prit à l'âge de 14 ans la décision de s'expatrier pour aller rejoindre un de ses oncles, commerçant en tissus en Espagne. Il fut pendant 22 ans négociant ambulant en tissus.
GALVADA de Pleaux, est marchand drapier à la "Lonja Vieja" sur la plaza Mayor de Navalcarnero
Témoignages par zone d'implantation surtout en Castille (autour de Madrid)
Communauté de Madrid
Madrid
Acte notarial "du 1er juin 1853 Pardevant Me de Pruines, notaire à Boisset. ont comparu M. Guillaume Fau, propriétaire sans profession demeurant à la forêt commune de Boisset, d'une part, et Toinette Lavernhe, sans profession, veuve de Pierre Laborde, demeurant à Mazières, commune de Boisset, agissant tant en son nom personnel que comme se faisant forte de Jean Laborde, son fils, boulanger à Madrid (Espagne) d'autre part"
Aranjuez
- 60 km au sud de Madrid - Souquieres Charles boulanger Né le 23/10/1852 Ytrac (15) + 28/7/1905 Aranjuez (Espagne)
Alcobendas
au nord de Madrid en grande banlieue François Souquières Né 3/12/1829 Reilhac + 27/7/1866 achat d'une tahona (meunerie/boulangerie) à Alcobendas où il décède. X Marie Delphine Gauthier
Pozuelo de Alarcon
(Castille - NO dans la Banlieue de Madrid) - rue Santa Isabel n°7 COSSOUL Antoine (Boulanger en Espagne) né vers 1776 à ?, décédé le 20-01-1849 à Ytrac (15) au lieu-dit Leinhac, marié avec BONHOMME Jeanne-Marie. Deux de leurs fils, sont dit aussi Boulanger en Espagne Il s'agit de : 1- COSSOUL Henri-Vincent né le 22-01-1817 à Ytrac (15), décédé le 31-12-1861 à Ytrac (15) Marié avec BOS Marie. Sur l'acte de naissance de son fils Antoine-Frédéric (voir ci-après) il est dit être en Espagne pour affaire. Un de ces fils sera aussi Boulanger en Espagne il s'agit de : COSSOUL Antoine-Frédéric né le 06-02-1854 à Ytrac (15), décédé le 03-12-1912 à Ytrac et marié le 01-05-1877 à Ytrac avec VERMENOUZE Marie-Jeanne-Eugénie-Pétronille née le 16-07-1853 à Ytrac, décédée le 13-07-1935 à Ytrac. (D'après le livre "Les auvergnats de Castille" de Rose DUROUX il est boulanger à Pozuelo de Alarcons en Espagne.) 2- COSSOUL Charles né le 23-12-1823 à Ytrac, marié le 27-08-1856 à Ytrac avec JULHES Agnès née le 17-03-1834 à Ytrac. (D'après le livre "Les auvergnats de Castille" de Rose DUROUX, page 246: " Charles COSSOUL n'hésite pas à verser une caution de 6000 réaux et à hypothéquer sa tahona de la rue Santa Isabel n°7, pour éviter la saisie à son ami Francisco Marful . (1861)."
Gérard BEX à Madrid une fabrique de pain
De Willem (Guillaume) BEX, demeurant à 6414 XJ Heerlen, rue Heideveldweg 7c, les Pays-Bas (c.bex@home.nl) Je recherche GERARD BEX GARRAUSTE (Garrauste c'est le nom de famille de sa mère), émigré à Madrid vers 1880. Possiblement boulanger (avait un moulin de farine à Sansac-de-Marmiesse?). Gérard BEX avait aussi à Madrid une fabrique de pain. Je suis sûr que Gerard Bex est originaire des Pays-Bas. J'ai vécu huit ans en Espagne et j'ai rencontré un monsieur Fernando BEX de Granada (Espagne). Tout est identique, comme un frère. Il me dit que son grand-père vient de Sansac-de-Marmiesse. Et dans mon village natal SCHINVELD près de BRUNSSUM et HEERLEN (dans le sud de la Hollande) vivait vers 1700 un monsieur SIMON BEX, un militaire de Capitaine Maselles avec une Compagnie dans Jülich (Allemagne). Possible de l'armée d' Espagne. Je pense que SIMON BEX vient de la France et GERARD BEX c'est un descendant de lui."
Sud de l'Aragon aux 17 et 18 eme siecles - les chaudronniers du Cantal
Traduction "Je travaille depuis plusieurs annees sur un courant migratoire auvergnat qui se dirige vers le sud de l'Aragon aux 17 et 18 eme siecles, et provenant des villages d'Ally, Chaussenat, Saint-Martin-Cantales (sic), Barriac, Escorailles, Fontanges, Meallet, Pleaux, Aurillac et Saint-Flour. Il me plairait que vous m'informiez des travaux de recherche existant sur les chaudronniers auvergnats, et d'etre assez aimables pour m' indiquer les moyens de me les procurer. Il me plairait egalement d'etre en contact avec une personne interessee par le sujet, quoique je doive vous dire ne lire le francais que moyennement."
Emilio Benedicto Gimeno - benedictogimeno [at] yahoo.es
LOS CALDEREROS AUVERNESES
Emilio Benedicto Gimeno
Los caldereros auverneses eran muy famosos desde finales de la Edad Media. En el año 1449 nueve caldereros auverneses, Guillermo de Roche, Pedro y Guinot du Lac, Pedro Puech, Vicente y Antonio du Cuzol, fueron detenidos cuando regresaban a sus pueblos natales desde Cataluña y Aragón . Otro ejemplo será de finales del XV, cuando se detiene a Juan Archero, calderero natural de Aurillac, acusado de ser un protestante religioso . Estaban presentes en diversas ciudades y pueblos de toda Europa. Los encontramos en numerosos lugares de Francia, Alsacia, Baja Normandía y Alpes, y también en regiones y ciudades extranjeras como Artois (Flandes), Madrid, Valencia y Aragón. Su presencia en Aragón era una más de las zonas a las que se dirigió tradicionalmente esta corriente migratoria. Los habitantes del Macizo Central francés fueron ante todo un pueblo emigrante. Los cantones de la Haute-Auvergne noroccidental experimentaron durante los siglos modernos un crecimiento demográfico de tal calibre que, faltos de recursos, se vieron obligados a mandar a sus hombres a buscarse la vida fuera de allí. Los nativos de estas zonas tenían la costumbre de emigrar desde los tiempos medievales, y nunca tuvieron reparos en salir del país, encaminándose hacia España, los Países Bajos o Alemania. Según el informe elaborado por Lefevre d´Omesson en el año 1697, todos los años marchaban de Auvernia 5.000 o 6.000 trabajadores que posteriormente regresaban al país con 700 u 800 mil libras. Estos emigrantes procedía básicamente de las montañas de la zona de Aurillac, Maurillac y Saint Flour, en los cantones noroccidentales . El flujo migratorio de los auverneses con destino a España está constatado durante toda la Edad Moderna, multiplicándose las referencias documentales de manera significativa en los siglos XVII y XVIII. La investigadora Rose Duroux realizó tres muestreos entre la documentación del hospital de Sal Luis para franceses de Madrid, seleccionando varios años del primer tercio del siglo XVII, de finales de esa centuria y de la tercera década del siglo XVIII, constatando en todos ellos la presencia de numerosos caldereros procedentes de los cantones de Mauriac, Pleaux y Salers. En 1643 el corregidor de Cuenca, D. Iñigo Mendoza, informa al Consejo del arresto de ocho franceses procedentes de Auvernia que se dirigían a la Mancha a trabajar como caldereros . En el caso de Valencia, muchos de los franceses documentados a finales del siglo XVIII procedían igualmente de los cantones de Mauriac y Pleaux, organizándose incluso empresas privadas para trasladar a los emigrantes temporales de Francia a España y viceversa . Parece ser que en la segunda mitad del siglo XVIII se incrementó la emigración de auverneses, empujados por una sucesión de catástrofes agrícolas, sobre todo a raíz de las malas cosechas de los años 1769-71 . En los años previos a la Revolución francesa, una parte muy importante de los hombres naturales de la Haute-Auvergne se encontraban en España, sobre todo en la zona de Valencia y Madrid. Otra corriente migratoria procedente de la parroquia de Mauriacois se dirigía hacia los actuales países de Bélgica y Holanda, formada exclusivamente por caldereros. También los encontramos en Suiza, en Alemania y en Francia . Este incremento también se constata en el caso de Aragón. El hambre y la miseria empujaba a los hombres a buscar sustento lejos de sus casas familiares. Los emigrantes auverneses trabajarán en todo tipo de tareas, pero en la que adquirirán más fama y prestigio será en el trabajo del cobre. Fueron numerosas las compañías de caldereros franceses que recorrieron toda Europa para ganarse el sustento que no podían obtener en sus pueblos. El oficio estaba muy arraigado entre los auverneses, pero no tenía ninguna razón de tipo geográfico o lógico. En la región de Auvernia apenas había industrias metalúrgica, y todavía era menor la extracción de mineral de cobre. Algunos de los martinetes que funcionaban en el valle de la Jordanne o en los alrededores de Aurillac en el siglo XVIII se nutrían del cobre viejo que traían de sus viajes los emigrantes y, sobre todo, de las planchas importadas de Suecia y España . La calderería era un oficio típico de emigrantes que se desempeñaba fuera de sus lugares de origen. La explicación habrá que buscarla en motivos antropológicos y culturales. Existía una ancestral costumbre de heredar el oficio familiar, y los padres se afanaban continuamente por enseñar a trabajar el cobre a sus hijos, cediéndoles posteriormente las herramientas y el negocio. Será un oficio para practicarlo fuera de Auvernia, buscando mediante la emigración el lugar más adecuado para desempeñarlo, cerca de minas de cobre potencialmente aptas para su explotación y lo más próximo posible a grandes centros demográficos donde vender los productos. Como era un fenómeno multisecular que pasaba de padres a hijos, se prolongará con facilidad durante varias generaciones. La emigración de muchas familias auvernesas a España tuvo tal calibre que, en sus propias localidades, se las denomina popularmente con el sobrenombre de los “espagnols”, ya que conocían nuestro país y hablaban perfectamente el castellano .
3.1.- LOS CALDEREROS EN ARAGÓN Aunque su presencia está constatada desde la Edad Media, deberemos esperar hasta el siglo XVII para que esta corriente migratoria se haga muy numerosa, atraída por el ascenso de los precios del metal y la inexistencia de técnicos locales que conozcan los secretos de la metalurgia del cobre. Conocemos con gran detalle su presencia en el pueblo de Calamocha . A partir del año 1632, de forma inesperada, empiezan a llegar numerosos caldereros, documentados tanto en los “quinque libri” como en las escrituras notariales. Los primeros que encontramos fueron Pedro y Guillen Albarate, naturales de Mealet, en la Auvernia Francesa, documentados al casarse uno de ellos con una calamochina (lo que implica que llevaba varios años en Aragón). No fueron casos aislados. Estos primeros caldereros iniciaron una corriente migratoria muy específica que se perpetuará hasta finales del siglo XVIII, no produciéndose en todo este tiempo ninguna ruptura significativa. En la ciudad de Zaragoza nos topamos con los auverneses a partir del año 1642. En el vecindario efectuado en dicho año se recoge la presencia de cuatro caldereros, todos ellos de nacionalidad francesa .También los encontramos por estas décadas trabajando en varias localidades del valle del Jiloca. En la ciudad de Daroca residía en el último cuarto del XVII Juan Uisie, natural de Rallai, y a otras 8 personas procedentes del Macizo Central francés de las que no se detallan sus oficios, pero que bien pudieran ser caldereros . El Concejo de Báguena contrataba en el año 1718 a Antonio Sabio, calderero francés residente en esa misma localidad, para que reparase todos los utensilios de “arambre” de las tiendas del lugar. En Mora de Rubielos residía Juan Pujol, tratante natural de San Cristobal en Auvernia, que mantenía estrechas relaciones con los caldereros del valle del Jiloca . Estos datos sueltos no nos permiten obtener una visión de conjunto del reino aragonés. Deberemos esperar a mediados del siglo XVIII para poder consultar una fuente documental más amplia que nos permita descubrir la distribución geográfica de los caldereros auverneses. A partir de una Real Orden de 28 de junio de 1764 se elaboraron unas relaciones de "comerciantes y tratantes extranjeros" con las que se pretendía averiguar cuantos vivían en Aragón, distinguiendo entre los domiciliados definitivamente y los transeúntes. En la orden también se mandaba que todas las Capitanías Generales, Comandancias Generales y capitales de provincias que no estén sujetas a Capitanías elaboren un libro de extranjeros que debería renovarse anualmente. Se han conservado las correspondientes a los años 1764, 1765 y 1766, cuya información se ha volcado en la tabla nº 5 . Respecto a las localidades de origen de los caldereros, los que residían en Calamocha en los siglos XVII y XVIII, según los registros parroquiales, procedían de la Alta Auvernia occidental, del cantón de Pleaux, y secundariamente de los cantones de Saint Flour y Aurillac. Por municipios destacarían la pequeña Ally, origen constatado de 29 emigrantes, Chaussenat con 15 y Saint Martin Cantales con otros 5, repartiéndose el resto entre Barriac, Escorailles, Fontanges, Meallet, y las cabeceras cantonales de Pleaux, Aurillac y Saint Flour . Respecto a las compañías de caldereros que encontramos en Luco de Jiloca y en Teruel en los años 1764 y 1766, todos procedían igualmente de la Alta Auvernia Occidental, destacando Chaussenat con 9, Ally con 4 y Saint Martin Cantales con otros 2. Como vemos, el origen de los caldereros que encontramos en Aragón durante los siglos modernos era muy similar. Tabla 5. Caldereros auverneses en Aragón (1764-1766) Localidad Caldereros Calamocha 34 Calatayud 11 Caspe 1 Egea 2 Fraga 2 Luco de Jiloca 11 Maella 1 Tarazona 12 Teruel 23 TOTAL 97
Respecto al sexo, debemos decir que la emigración de caldereros auverneses en Aragón fue exclusivamente masculina. Las fuentes eclesiásticas apenas nos dicen nada de la edad de los franceses. Podemos sospechar que entre los emigrantes predominaría la gente joven, pero los pocas referencias que tenemos desmienten esta hipótesis. Entre los óbitos registrados en los libros parroquiales de Calamocha predominan los emigrantes de entre 30 y 40 años, con ejemplos también de 50 y 70 años . Con la información sobre el estado civil del emigrante, nos sucede algo parecido. Las referencias obtenidas en los mismos registros eclesiásticos nos hablan de una cierta igualdad entre los emigrantes célibes y los casados. Otras fuentes nos confirmarán estas primeras impresiones, aunque inclinando la balanza hacia el grupo de los casados. En las relaciones de los “comerciantes y tratantes extranjeros” de los años 1764, 1765 y 1766, transcritas en la tabla nº 6, se detallan 97 tratantes en calderería, de los cuales 38 están casados (3 en Aragón y 35 en Francia) y 10 aparecen como solteros, desconociendo la situación civil del resto. Tabla 6. Estado Civil de los caldereros según relaciones de 1764, 1765 y 1766 Localidad Total caldereros Casados en Francia Casados en Aragón Solteros Desconocido Calamocha 34 24 2 3 5 Calatayud 11 11 Caspe 1 1 Egea 2 2 Fraga 2 2 Luco 11 6 2 3 Maella 1 1 Tarazona 12 5 1 5 1 Teruel 23 23 TOTAL 97 35 3 10 49
En la corriente migratoria se mezclaban constantemente los jóvenes con los adultos, los solteros con los casados. Era muy habitual que los más jóvenes vinieran acompañados de hombres más expertos, posiblemente algún pariente o vecino que ya había repetido viaje en otras ocasiones. Los jóvenes estaban sin cualificar o venían inscritos como aprendices, constituyendo una fuerza de trabajo bruta que se moldeará a través de las enseñanzas de sus propios compañeros. La existencia de abundantes caldereros casados en Francia muestra el carácter estacional o temporal de la emigración. Su estancia en España solía ser larga, superando normalmente el año. Según nos cuenta Poitrineau, en algunas familias montañesas del cantón de Pleux se firmaron contratos matrimoniales en los que se determinaba con precisión el tiempo debían permanecer los futuros maridos en España, constatando que en 26 contratos se previene una ausencia de 30 meses, en 7 una ausencia de 18 meses y en 3 se reduce hasta los 12 meses, estableciendo unos mecanismos de relevo periódico los que entraban también los hermanos y yernos de los contrayentes . Estos sistemas de alternancia se observan con mayor claridad en las compañías mercantiles, artesanales o mixtas que organizaban los auverneses, relevándose los socios periódicamente. A veces, estas alternancias pueden estar pactadas, intentando conciliar la rentabilidad del proceso migratorio (los viajes son siempre caros) y las conveniencias familiares. En algunos casos la permanencia en España podía alcanzar los cinco o seis años. Los emigrantes solteros no tendrían tanta prisa por regresar a sus localidades, y si el negocio les va bien y el trabajo lo permite, estirarán los máximo posible su estancia en Aragón hasta ahorrar un pequeño capital que exportarán a Francia en el momento que decidan regresar, empezando con él una nueva vida en sus localidades natales. Respecto a las zonas de destino de la corriente migratoria, los lugares detallados en las relaciones de “comerciantes y tratantes extranjeros” coinciden a grandes rasgos con las áreas mineras de donde se extraía cobre durante los siglos modernos, especialmente en el Sistema Ibérico. La mayor cuantía de caldereros la encontramos en Calamocha, que como hemos dicho era un lugar de destino tradicional desde comienzos del siglo XVII. Le siguen en importancia la ciudad de Teruel, donde se trabajaba el mineral de cobre extraído en la Sierra de Albarracín. La ciudad de Tarazona, próxima a las minas de Calcena, acogía a 12 caldereros. En el valle del Jalón los caldereros residían en Calatayud, desde donde explotarían las minas de las Sierras de Vicor y la zona de Ateca. Otra gran concentración la encontramos en el pequeño pueblo de Luco de Jiloca, explotando sus minas y trabajando en el martinete que existía en esta localidad. Las localidades de Caspe, Ejea, Fraga y Maella muestran una presencia de caldereros muy insignificante, uno o dos artesanos a lo máximo. Al no haber minas cercanas, estos menestrales se abastecerían de materias primas procedentes de zonas más o menos lejanas, y se dedicarían a abastecer el mercado local y a reparar los calderos viejos. En estos pueblos no se formarían las típicas compañías caldereras que encontraremos en las zonas mineras.
3.2.- LAS COMPAÑÍAS DE CALDEREROS El flujo migratorio auvernés se caracterizaba por poner en marcha una serie de reglas basadas en la arraigada solidaridad rural propia de las sociedades montañesas. Estas reglas eran muy sencillas: el linaje, la parentela, el vecinaje y la comunidad de habitantes. Los caldereros viajaban en grupos, trabajan lo posible dentro del grupo, vivían en grupos, compartían un mismo oficio y se juntaban con familiares o vecinos de su lugar de origen. Estos desplazamientos en grupo hacia determinados municipios aliviaban los efectos del desarraigo traumático y contribuían, por la mezcla de edad y de experiencia de la emigración, a la perpetuación de la corriente migratoria. Al marchar juntos y residir juntos, los montañeses de la Auvernia protegían su propia personalidad, oponiéndose y retardando la inevitable aculturación por el lugar que les acogía, contribuyendo a modelar su espíritu y a mantener la fidelidad a una herencia cultural común. La emigración de los caldereros solía tener un fuerte componente familiar. Afectaba a varios miembros de la familia, ejercían el mismo tipo de actividad, se reagrupan en España en la misma localidad y, posiblemente, en la misma casa, obteniendo amplios beneficios morales y materiales de una práctica semejante. Pedro Albarate, natural de Meallet, se casa en el año 1633 con una calamochina, lo que no le impide acoger en su casa a su hermano Guillén. Seban Fontanges vive con su hermano Pedro desde 1638. El calderero Pedro Riviere, documentado desde el año 1634, se asociará con su hermano Antón en 1638, quién posteriormente llamará a su hijo . Estas estrechas relaciones familiares explican también la perpetuación de la emigración a lo largo de varias generaciones. Jerónimo Garcelon aparece domiciliado en Calamocha en 1640, dedicándose a la elaboración de calderos. En diciembre de 1644, estando enfermo, levanta testamento, citando como legítimos herederos a sus hijos Francisco, Juan, Miguel y Pedro, residentes todos ellos en Ally, en Auvernia. En el testamento determina que su hijo Francisco deberá continuar el oficio, dejándole “todos los bienes, créditos y actiones que tengo i a mi pertenecientes aquí en España”, con la obligación de que tome en su compañía a su hermano Juan, dándole lo necesario durante los próximos tres años y enseñándole el oficio de calderero. A la muerte de Jerónimo Garcelon su hijo Francisco continuará el flujo migratorio, desplazándose a Calamocha para seguir trabajando con los calderos, pero se trae consigo a todos sus hermanos, a Juan, a Miguel y a Pedro . La solidaridad y el apoyo entre los emigrantes también se aplica al nivel de paisanaje. Al hablar de la procedencia de los emigrantes de Calamocha, Luco y Teruel, analizados en su totalidad, hemos citado como 32 de ellos procedían de Ally, 24 de Chaussenat y 7 de Saint Martin Cantales, números que seguramente se incrementarían de conocerse el origen de todos los emigrantes. Los franceses de una misma localidad solían dirigirse a un mismo destino, favoreciendo de este modo la solidaridad intervecinal. La emigración francesa, sobre todo la procedente de la Auvernia, tiene un amplio contenido de mimetismo social y de gregarismo que contribuyen a incrementarla. Muchos de los emigrantes auverneses reforzaron sus mecanismos de solidaridad mediante la creación de asociaciones profesionales de artesanos. Los caldereros que se encaminaron hacia España lo hacían encuadrados en compañías mercantiles o artesanales, auténticas brigadas jerarquizadas, formadas por compañeros y criados, maestros y aprendices, mezclando la inocencia de los jóvenes con la experiencia de los adultos que ya llevaban varias campañas marchando al extranjero. Los auverneses que encontramos en Aragón también recurrieron a estos mecanismos organizativos, formando pequeñas “compagnies” mediate un pacto verbal o recurriendo a un notario francés . Las reglas de funcionamiento quedaban fijadas antes de iniciar la marcha hacia España, y solamente en el supuesto de disolución de la compañía, o en el caso de querer modificar sustancialmente las condiciones pactadas, se recurrirá a los notarios españoles. Entre los protocolos notariales aragoneses hemos encontrado varias referencias a la existencia de estas compañías: dos actas de disolución y una de modificación. La primera data del año 1632, cuando los caldereros Esteban Fontanges y Jerónimo Garcelon compadecen ante el juez ordinario de Calamocha para informarle que tenían formada una compañía de caldereros “de pérdidas y ganancias” juntamente con Juan Cocard, y que este último ha fallecido de forma inesperada. Como el difunto no tiene familiares en España solicitan al juez que actúe de testigo en el acto de disolución de la compañía y en el reparto cabal de los beneficios que hubieran acumulado. Al levantar las cuentas señalan que Juan Cocard puso de capital social en la compañía 243 escudos y había obtenido de beneficios otros 154 escudos. En total debían entregarle 397 escudos, y lo hacen de la siguiente manera: 306 escudos en deudas de diversas personas “que dijeron ser las más seguras” y otros 46 escudos en diversa mercadería. El resto de capital se lo descuentan por los gastos de la enfermedad y del posterior entierro. También le entregaron diversas herramientas, armas y una silla de rocín . La otra disolución se produce en 1670, pero es más parca en información. Por esta fecha Miguel y Jorge Garcelon, caldereros vecinos de Ally, prometen pagar al tercer socio de la compañía, a su hermano Juan, 1200 sueldos en 6 plazos iguales, entregados cada dos años, “por razón de la parte de dineros y bienes que os pertenecen hasta el día de hoy”, reservándole además “un capazo guarnecido de herramientas” . Por último, el acta de modificación de las condiciones de una compañía corresponde a finales del siglo XVIII, y contiene una información mucho más interesante. Los caldereros Martin Ychard y Juan Lavisierra, en nombre de todos los emigrantes que forman su compañía (no se detalla el número), se presentan ante un notario para autorizar la entrada en la misma de Antonio Baldos, firmando el siguiente convenio : - La compañía acepta la entrada de Antonio Baldos por haber puesto en el capital social de la misma la cantidad de 800 pesos. - Durante los próximos cinco años y medio, el dicho Baldos no puede pedir ningún dinero a la compañía, a menos que padezca una enfermedad grave, en cuyo casos se le entregará lo necesario, “tal y como esta compañía acostumbra”. - Pasados cinco años y medio la compañía devolverá a Baldos los 800 pesos que ha puesto más otros 500 pesos de beneficios (en total 1.300 pesos), descontándose de aquellos las cantidades que hubiera recibido en caso de enfermedad. - Durante los cinco años y medio, la compañía se compromete a mantenerlo “sano, calzado, con ropa limpia, barba hecha y tabaco”. En caso de que padeciera una enfermedad crónica, la compañía se haría cargo de los gastos el primer mes, pasado el cual serán a expensas del propio Antonio Baldos. - Si antes de cumplir el plazo de los cinco años y medio, Antonio Baldos muriese, se entregarán a sus herederos el capital social aportado más la parte proporcional que le correspondan de los beneficios en función del tiempo que lleve trabajando en la compañía. En el caso de que no hubiera dinero en el fondo, la compañía se reservan el plazo de un año para hacerlo efectivo a los herederos. Si transcurrido ese plazo no lo hubieran entregado, deberán los herederos esperar los cinco años y medio estipulados, pero recibirán integramente los 1.300 pesos. Cada compañía artesanal o mercantil tenía sus propias reglas, que cambiarán en función de las dimensiones del negocio y del paso del tiempo. En Madrid, por ejemplo, las compañías mercantiles auvernesas establecían un período de aprendizaje de siete años, a partir del cual cada socio participaba progresivamente en el reparto de beneficios, obteniendo mayor cantidad a media que adquirían mayor experiencia en la compañía . En el caso de las compañías de caldereros ubicadas en Aragón, la participación queda estipulada en períodos de 5 años y medio, pasados los cuales se recupera el capital invertido y una parte de los beneficios. Las compañías se hacían cargo de todos los gastos de sus asociados, aportando el alimento, la ropa, el calzado y otros pequeños gastos como el tabaco y la barbería. Los 90 pesos anuales que cobraban de beneficios representan una cantidad bastante considerable, muy superior a la que se obtenía en otros trabajos. Además, al cobrarlos todos de una sola vez al final del contrato, se conseguía un pequeño capital que permitiría a los caldereros adquirir tierras y bienes inmuebles en sus localidades natales o bien, participar con este dinero en la misma o una nueva compañía. Familia, paisanaje y compañías artesanales eran tres elementos fundamentales para caracterizar a la corriente migratoria de los caldereros auverneses. En la tabla 7 se han incluido los caldereros franceses residentes en Teruel en 1764 y 1765, tal y como los recogen las relaciones de “comerciantes y tratantes extranjeros” de dichos años. Nos encontramos con pequeñas compañías formadas por padres, hermanos e hijos, a los que se iban añadiendo otros caldereros que procederían seguramente de los mismos pueblos. En la primera compañía predominará el apellido Carlos, en la segunda Tremon y en la cuarta Pomeyro. Todas son de pequeño tamaño, no superando los seis miembros, y siendo frecuentes los dos o tres asociados a lo máximo . Tabla 7. Compañías de Caldereros en Teruel (años 1764 y 1765) Año 1764 Año 1765 1ª Compañía Pedro Carlos Luis Pomeyro Juan Carlos Bernardo Carlos Pedro Carlos Luis Pomeyro Nicolás Simon Juan Carlos Bernardo Carlos Jerónimo Obrero 2ª Compañía Luis Tremon Jerónimo Tremón Juan Tremón Luis Tremon Antonio Andreu Juan Tremón 3ª Compañía Juan del Seller Juan Obrero Juan Seller Juan Obrero 4ª Compañía Bautista Pomeyro Joseph Pomeyro Hermenegildo Labernia Bautista Pomeyro Josph Pomeyro Hermenegildo Labernia 5ª Compañía Jayme Bordería Antonio Piedever 6ª Compañía Antonio Antraigas Juan Mirabete Pedro Miguel
En la tabla nº 8 hacemos lo propio con los caldereros franceses documentados en Calamocha en 1783 y 1786, agrupado en compañías, tal y como los recogen las relaciones de cumplimiento pascual de dichos años. Estaban formadas por un núcleo familiar (dos o tres hermanos, padres e hijos) al que se iban adhiriendo nuevos compañeros procedentes de una misma localidad, con los que podían tener lazos parentales o no. Los apellidos se repiten continuamente dentro de cada compañía, Rivas en la primera, Basset en la tercera, Perez en la cuarta, Lascumbas en la quinta, Ydjar y Fialet en la séptima y Ardit en la octava. Ninguna de ellas tenía muchos asociados trabajando al mismo tiempo en Aragón, oscilando entre los dos y diez miembros .
Tabla 8. Compañías de caldereros en Calamocha (años 1783 y 1786) Año 1783 Año 1786 1ª Compañía Antonio Baladier Pedro Rivas Antonio Servet
Antonio Baladier Juan Pedro Rivas Antonio Servet Luis Rivas Guillermo Baladier 2ª Compañía Antonio Bisstez Diego Buen Hombre Antonio Buyet Antonio del Puch Pedro Langlada Esteban Ret Pedro Delvoux Juan Antonio Burdiex Antonio Bisstez Diego Buen Hombre Antonio Buyet Antonio del Puch Pedro Langlada Esteban Ret Pedro Delvoux Juan Burnet
3ª Compañía Joseph Basset Esteban Basset Diego Delmax Estevan Frohera Antonio Mancharet Joseph Basset Esteban Basset Diego Delmax Antonio Bonriez 4ª Compañía Gerónimo Pérez Antonio Pérez Gerónimo Pérez Diego Norbiez 5ª Compañía Cristobal Desungles Guillermo Baladier Juan de Carbon Antonio Lascumbas Diego Lascumbas Pedro Mollat
Joseph N. Cristobal Desungles
Joseph Saley 6ª Compañía Guillermo Duet
Pedro Mancharet Guillermo Duet
Pedro Mancharet 7ª Compañía Antonio Baldos Pedro Cobena Pedro Fialet Juan Antonio Fialet Martin Ydjar Juan Ydjar Juan Laviseyra Antonio Baldos
Pedro Cobena
Pedro Fialet Juan Antonio Fialet Martín Ydjar Juan Ydjar Pedro Coder Juan Nobereyra Antonio Fialet Pedro Fialet Menor 8ª Compañía Antonio Ardit Francisco Ardit Gerónimo Bisstez Guillermo Moritat
En el reglamento de cada compañía, ya fuera éste escrito o verbal, se regularía de manera clara la alternancia de los caldereros en España. Unos permanecían varios años, ejerciendo de manera continuada su trabajo, mientras que otros entraban nuevos en la compañía, o se marchaban, regresando definitivamente a Francia. Las alternativas serían muchas, incluyendo al calderero que ya lleva varias campañas en España, con sus correspondientes períodos intermedios en Francia. En algunas se exigirían cinco años y medio de estancia para los aprendices, tal y como hemos visto anteriormente, pero este período podría modificarse en posteriores reenganches. Si comparamos la composición de las compañías existentes turolenses en 1764 y en 1765, aunque sólo haya un año de diferencia, se aprecian diferencias sustanciales. De los 14 caldereros de 1764, al año siguiente han desaparecido tres de ellos, pero se unen a la colonia 6 nuevos emigrantes. Entre las agrupaciones de Calamocha también observamos estas alteraciones, más acentuadas si cabe al aumentar la separación cronológica. De los 34 caldereros presentes en 1783, tres años después permanecían en su trabajo 23 de ellos, habiendo desaparecido los 11 restantes, posiblemente por haber regresado a Francia. Pero también hallamos gente nueva, otros 14 caldereros que se incorporan a las compañías ya existentes en Calamocha, o incluso forman una nueva, la llamada octava compañía. Los cambios serían continuos, año tras año, pero siempre dentro de una misma estabilidad. Cuando unos regresaban a Francia, confiaban a los otros sus herramientas, papeles, libros y abonos de pago para que continuara el negocio. En la ciudad de Fraga había en el año 1764 dos caldereros franceses. Parece ser que alternaban la residencia en esta localidad con otros períodos más cortos en sus localidades de origen: “residen en esta ciudad de continuo el uno o el otro, y en el entretanto, el compañero a quien toca pasa a Francia y reside en ella seis meses poco más o menos”. Algo parecido encontramos en Teruel en el año 1766 cuando tres de los caldereros registrados se encuentran ausentes de la ciudad pues “han pasado al país de su naturaleza por alguna temporada, como lo acostumbran” .
3.3.- LA COMERCIALIZACIÓN DEL COBRE. Las compañías de artesanos auverneses solían establecerse en un lugar fijo, habitualmente en aquellas localidades donde funcionaban martinetes, alquilando un pequeño taller y tienda que les servirá de punto de referencia desde donde organizar sus “tournees”, extendiendo sus redes comerciales por las localidades cercanas. A medida que avance el siglo XVIII y se difundan las fábricas de arambre, los caldereros comprarán allí todas las planchas, obteniéndolas a crédito, con la promesa de pagarlas cuando vendan los calderos. Entre los martinerires y las compañías había cierta confianza, a pesar de la inestabilidad de la emigración. Como hemos destacado, los propietarios de los martinetes conocían perfectamente a los emigrantes, con los que establecían diferentes redes de colaboración. En abril de 1793 una compañía de caldereros firma un contrato con Antonio Rivera, propietario del martinete de Calamocha, por el que se comprometen a pagarle algo más de 464 pesos procedentes de 36 arrobas, 29 libras y 9 onzas de arambre, al precio de 11 pesos y medio por arroba. Esta cantidad deberá entregarse en el plazo de cuatro años, con la condición de que podrá ser pagada en dinero en efectivo, arambre viejo o mineral . Una vez adquiridas las planchas, la existencia de varios socios en cada compañía permitía repartirse las funciones. Unos se quedarían en los talleres elaborando calderos nuevos o reparando viejos utensilios de cobre. Otros se dedicaban a la venta ambulante, desplazándose pueblo tras pueblo, llevando los perolos y cacerolas en grandes cestos atados a sus borricos. Practicaban el comercio en puestos de feria y mercados rurales, en mercados itinerantes, de puerta a puerta y de villa en villa. Llegaban a las plazas, extendían sus productos para mostrarlos al público, encendían una hoguera que utilizaban para calentar el metal y reparar algunos calderos rotos. Muchas veces, a cambio de sus calderos, como forma de pago, solían aceptar otros viejos, que después entregaran en los martinetes para refundirlos. Las compañías de caldereros que encontramos en el valle del Jiloca comercializaban sus productos por todo el partido de Daroca, ampliando sus redes hacia algunas localidades del Bajo Aragón, como Calanda, Alcorisa, Berge, Fozcalanda, Alcañiz y Caspe . También se desplazaban hasta Zaragoza, lugar en el que coincidían con los propios artesanos de la ciudad, con los que tenían frecuentes altercados, y con otros caldereros franceses que también vendían allí sus productos. En los años 1776 y 1781 el gremio de caldereros de Zaragoza denunció a Juan Rigal y a Esteban Baset, emigrantes franceses residentes en Calamocha, por vender en esa ciudad diversos calderos y jarras contraviniendo las ordenanzas municipales. En ambos casos los pleitos entablados llegaron hasta la Audiencia Territorial, y ambos fueron ganados por los dos caldereros citados, reflejando la perdida paulatina del poder gremial a lo largo del siglo XVIII . En determinadas coyunturas, las compañías artesanales buscaran con ahínco la entrada de socios nuevos, ya que con ellos entraba también un dinero en efectivo que, muchas veces, permitía garantizar la liquidez del negocio. Debemos tener presente que casi todos los intercambios comerciales de los siglos modernos se realizaban sobre la base del crédito, y a menudo las deudas acababan colapsando a las compañías. En el caso de los caldereros, el recurso al crédito se extiende por todo el proceso productivo. Los martineires suelen vender las planchas de cobre a los pequeños caldereros con el compromiso de que las cobrarán cuando estos últimos vendan el producto. Los caldereros, del mismo modo, venden sus productos a crédito, obteniendo del consumidor la promesa de pagar la deuda a la mayor brevedad posible, a veces negociando diferentes plazos. El calderero auvernés Antonio Sabio se dirigió en el año 1766 a la Real Audiencia alegando que algunos vecinos del Bajo Aragón le están debiendo diversas cantidades de dinero al “haberles vendido al fiado calderos y otros artefactos de su oficio”. Las mujeres que los adquirieron no quieren pagarlos, dilatando la entrega del dinero, y sus maridos no hacen frente a las deudas. Las cantidades que se le deben no son muy grandes, oscilando entre los 6 y 20 reales, pero para cobrarlas ha efectuado numerosos viajes y excesivos gastos. Este calderero solicita a la Real Audiencia que mande a los justicias de las villa de Calanda y demás pueblos en los que tiene débitos que procedan a su cobro mediante “breves sumariales”. El problema que sufrían muchos mercaderes y artesanos extranjeros, sobre todos los que se dedicaban a la venta puerta por puerta, es que los clientes se negaban a pagar los atrasos, y las cantidades eran tan pequeñas que no podían recurrir a los tribunales ordinarios. Además, los jurados y jueces de las diferentes localidades solían inclinarse en sus decisiones a favor de los vecinos, poniendo numerosos impedimentos al cobro sumario de las deudas. En el caso planteado por Antonio Sabio, la Real Audiencia le da la razón, ordenando a los Ayuntamientos afectados que “administren breve y sumariamente procedimiento contra los que se negaren a su pago conforme a derecho, y sin dar lugar a nuevos recursos”. No le debieron ir bien las cosas a este empecinado calderero ya que varios años más tarde, en 1771, tiene que volver a pedir protección a la Real Audiencia por el mismo motivo . El resultado final de este arcaico sistema basado en el crédito es que los pagos suelen retrasarse hasta un año o más, con el problema añadido de que cuando surjan dificultades coyunturales se acumularán inmediatamente los morosos. Los caldereros se quedarán sin cobrar de sus clientes y, por lo tanto, tampoco pagarán lo que deben a los martineires. Estas prácticas provocaron con frecuencia la ruina de los más débiles, es decir, de los pequeños emigrantes caldereros, ya que apenas tenían dinero en efectivo para la adquisición de material, y cualquier demora imprevista los arrojaba a la más completa miseria, obligándoles a trabajar para otros hasta devolver las deudas . En estos casos, las redes clientelares de los emigrantes volvían a aflorar, y los maestros artesanos o los propietarios de los martinetes les contratarán en sus negocios hasta devolver la deuda.
3.4.- VIDA Y MUERTE DEL EMIGRANTE CALDERERO Los emigrantes franceses acudían a España a ganar un dinero con la intención de repatriarlo e invertirlo en su país. Los tratadistas españoles de finales del siglo XVI y principios del XVII achacaban a esta práctica la causa de todos los males de España. Según las estimaciones de Barrionuevo, los 20.000 emigrantes franceses que había en España en 1650 sacaban al año unas 60 toneladas de plata . A veces la exportación de los metales preciosos se realizaba personalmente, cuando el emigrante regresaba definitivamente o se desplazaba para ver a su familia. En otras ocasiones el dinero se entregaba a compañeros suyos o mercaderes de confianza, que lo camuflaban transformado en mercancías . La emigración de los caldereros franceses pretendía ser estacional. Trabajaban en Aragón, pero soñaban con regresar a su país de origen en el momento que acumularan un capital suficiente. No es extraño que en el año 1684 los gremios de la ciudad de Zaragoza criticara la gran abundancia de caldereros franceses que residían en el reino de Aragón, acusándoles de regresar todos los años a sus lugares de origen para llevarse el dinero que habían ganado con su trabajo . Los artesanos residentes en el valle del Jiloca se comportaban del mismo modo. Anton Riviere aparece citado por primera en Aragón en el año 1634. Veintitres años más tarde, seguía residiendo en Calamocha pero mantenía a su mujer e hijos en la Auvernia . El dinero que ganaban con sus actividades era repatriado a su pueblo de origen. A veces personalmente, cuando se desplazaba para ver a su familia, o en ocasiones entregándolo a compañeros suyos de confianza . La concentración de caldereros naturales de una misma localidad auvernesa facilitaba este tipo de envíos. Los hombres de la Haute-Auvergne que venían a España sentían una irresistible atracción hacia su medio familiar y hacia su provincia de origen, a la que regresaban periódicamente. A menos que se casen en España, la emigración nunca será definitiva. Y aún así, regresarán en alguna ocasión a su tierra natal para visitar a los familiares y amigos, o estrecharán las relaciones con los convecinos emigrantes que visiten su localidad de adopción, a quienes preguntarán por la situación de los familiares que quedaron en Francia. Antonio Triniach era un calderero natural de Pleaux que se casó en el año 1721 con Ines Lafuente, una vecina de Calamocha. Este matrimonio aportaba la nacionalidad española al marido, pero ello no supuso que tuviera que desligarse de sus compañeros auverneses, y mucho menos cuando existían unos lazos profesionales comunes. Este matrimonio mixto residía en Aragón, y acogía periódicamente en su casa a varias compañías de caldereros, a las que daba alojamiento y con las que compartiría ciertos negocios. Tuvieron un hijo, legalmente aragonés de pura cepa, que se casó con Teresa Sánchez, otra aragonesa. La joven pareja abrió casa y taller de calderería, continuando el oficio de su padre. Pero nunca renunció a las antiguas relaciones que su padre mantenía con los emigrantes, y cuando venían los franceses los acogía de buen gusto en su casa. En el año 1786, según aparece recogido en la matrícula de cumplimiento pascual, se alojaban en casa de los Triniach, durmiendo y comiendo, cuatro compañías de caldereros franceses (en total, 12 artesanos) . Las relaciones de los emigrantes definitivos con los temporales no se perdieron a corto plazo, manteniéndose durante algunas generaciones. Tenían muchas cosas en común, una herencia cultural, una amistad de muchos años y, lo más importante, unos intereses profesionales idénticos. Desde luego, morir en España era un hecho que preocupaba enormemente al emigrante. Todos hacían testamento, normalmente en las notarías de Francia, pero no dudaban en modificarlo o cambiarlo completamente ante los notarios de España si así lo consideraban necesario. Entre los protocolos notariales hemos encontrado dos modificaciones testamentarias realizadas por los tratantes caldereros Jerónimo Garcelon en 1644 y Antón Rivera el mayor en 1680 . Estos testadores, acuciados de alguna grave enfermedad, determinaron que deseaban ser enterrados en la iglesia parroquial de Calamocha (“o en la iglesia del pueblo donde muriese” añadió Jerónimo Garcelon) diciéndose los actos funerarios acostumbrados (defunción, novena y aniversario). El dinero que dejaron para sufragios y misas por la salvación de sus almas varió enormemente. Antón Rivera delega la decisión en “lo que pareciese a su hermano”. Jerónimo Garcelon determinó que se deberían celebrar treinta misas de réquiem rezadas, quince de ellas en el convento de San Roque de Calamocha, lo que demuestra el cariño y apego que sentía hacia el valle del Jiloca, fruto de haber pasado largos años de su vida en Aragón, y la otra mitad en la capilla de nuestra Señora de la parroquial de Ally, en Auvernia. Los dos caldereros estaban casados en sus lugares de origen, y la mayor parte de sus bienes pasarán a sus mujeres e hijos. Jerónimo Garcelon distinguía entre los bienes que posee en Francia, que fueron cedidos a su mujer, Francisca Sabio, con la obligación de que dispusiera de ellos en sus hijos, “repartiendo de la manera que le parezca”, mientras que los bienes que tiene en España pasarían a su hijo Francisco Garcelon, para que continúe con el oficio de calderero. La decisión de Antón Rivera fue completamente distinta, determinando que su mujer quedara usufructaria de todos los bienes, “observando viudedad”, y con la obligación de alimentar y cuidar a todo los hijos hasta que tomasen matrimonio. Como vemos, las variaciones son muchas, tantas que es imposible determinar unos comportamientos hereditarios comunes a todos ellos. El testamento de Antón Rivera cita a su mujer, Catalina Hisset, a sus dos hijas, Margarita y María, y “al hijo varón mío que dicha Catalina Hisset mi mujer ha habido y procreado en ausencia mía, cuyo nombre ignoro, si bien lo quiero haber aquí por su nombre, como si presente lo tuviese, por nombrado”. Otro de los riesgos de la emigración era el dejar embarazada a la mujer, y no conocer al nuevo hijo hasta pasados varios años. El envió permanente de correspondencia mantenía informados a los emigrantes, conociendo en todo momento el estado de sus familias . Además, la existencia de familias troncales suavizaba estos inconvenientes, puesto que los padres del emigrantes o los suegros se hacían cargo de las nuevas cargas familiares. Las jóvenes madres con pequeños se beneficiaban de la presencia y vigilancia continua de los mayores. En sus desplazamientos por los pueblos aragoneses los emigrantes llevaban consigo pistolas y mosquetones . Los asaltos y asesinatos no fueron algo extraordinario, sino que formaba parte de la violencia diaria de los siglos modernos, como le paso en junio de 1700 al maestro fundidor Juan Aban que encontró la muerte en el camino a Molina, asesinado por unos facinerosos . Los emigrantes tenían numerosos encuentros con los bandoleros, especialmente cuando regresaban a sus lugares de origen, ya que los ladrones sabían que iban cargados de dinero para repatriar. Viajaban siempre en grupos y muy armados, tal y como muestran algunos inventarios. En el año 1637 el calderero Joan Cocard solía portar una escopeta de la medida castellana, espada y puñal . A lo largo del siglo XVII, a medida que se acentúen los enfrentamientos bélicos entre España y Francia, se les prohibió portar armas, lo que representaba un agravio inquietante al ser muy alta la tasa de bandolerismo y el riesgo de verse asaltado en sus viajes. Esta disposición fue muy protestada, tanto o más que los continuos impuestos bélicos que gravaban sus actividades artesanales y mercantiles . La tradición popular, las leyendas que se cuentan en algunos pueblos aragoneses, reflejan la mala fama que perseguía a estos caldereros itinerantes. Siempre fueron personajes un tanto pintorescos e inquietantes. Si eran jóvenes y solteros, aprovechaban el mercadeo puerta a puerta para intimar con las mujeres, buscando en primer lugar seducir al potencial comprador de sus productos, haciendo gala de unas buenas dotes para la venta, pero también tenían fama de perseguir a ciertas doncellas buscando sus “dotes”, anhelando lógicamente una estabilidad que les ayudara a escapar de la miseria . También tenían fama de ladrones, tanto por su movilidad (que les hacía sospechosos de todo lo que ocurriera) como por su manifiesta pobreza, que siempre es la principal causa de los delitos contra el patrimonio. Sin embargo, la fama no siempre es testigo fiel de la realidad. A pesar de presumir de mujeriegos, la miseria sexual del emigrante auvernés era de tal envergadura que muchos de ellos empezaron a frecuentar los prostíbulos de las capitales, contrayendo algunas enfermedades venéreas que les obligarán a pasar largas temporadas en los hospitales
Sud de l'Aragon, Teruel - en 1495 - un curé nommé BRAYAT
Suite au recensement effectué en 1495 à Canizar del Olivar (Teruel, Aragon), je trouve un : Mosen Johan Brayat (Curé). Ce Brayat est le seul dans l'ensemble du recensement d'Aragon. J'ignore l'origine exacte de Johan Brayat. Message de José Maria Alloza Salgado [josemariaalloza chez yahoo es] décembre 2005
Complément de José Maria Alloza Salgado Les relations du Royaume d'Aragon avec le Massif Central et le Midi son très anciennes et il n'est pas étonnant de retrouver des "Cantalous" dans les parages. Cependant, trouver un "Français" exerçant comme curé dans un village, je pense que cela ne devait pas être très usuel. Que plus est, Canizar est un tout petit village (28 feux en 1495) qui faisait partie de la Baronie de Estercuel ; Familles Atrosillo et plus tard Bardaji. C'est une particularité car dans la zone -qui a été pendant longtemps frontière avec la zone musulmane- les fiefs relevaient plutot des ordres militaires :Calatrava, Temple, Hôpital et a l'époque (fin du moyen age) le peuplement était encore marqué par le caractère militaire de son origine. Une piste a prendre en compte est que sur les terres de la Baronie existe depuis le XIII S., par concesion du Seigneur, un monastere de l'Odre des Mercedaires mais j'ignore s'il y avait des moines autres que Espagnols dans cet ordre.
Réponse de Jean-Louis Dega Le patronyme BRAYAT vient sans doute du nom de lieu BRAYAT situé commune de Boisset dans le Cantal (15). L'origine du nom de lieu est sans doute BRAGAT, avec évolution classique du G en Y, nom issu d'une racine préceltique passée au gaulois "bracc-, brag-" signifiant marais, marécage, terrain boueux. Quant à la présence d'une famille BRAYAT dans la province de Teruel, il ne faut pas s'en etonner car cette région a été reconquise vers 1175 sur les Arabes par le roi Alphonse II d'Aragon qui a sans doute fait appel pour la repeupler, lui ou ses successeurs, à des occitans. Or Alphonse II d'Aragon , roi d'Aragon par sa mère Petronille d'Aragon, etait par son père vicomte de Carlat (15) puisqu'il etait le petit-fils de Douce de Provence (X Raymond- Berenger III comte de Barcelone) qui avait hérité de sa mère le comté de Provence et de son père Gilbert les vicomtés de Carlat, Millau, Lodève et Gevaudan. Les rois d'Aragon ont dû largement faire appel à des familles de paysans des régions montagneuses de leurs possessions occitanes, regions traditionnellement excedentaires sur le plan démographique, pour repeupler les territoires conquis au sud de l'Aragon, deficitaires eux sur le plan démographique. Ces BRAYAT ayant émigré dans la province de Teruel provenaient donc probablement de la vicomté de Carlat ou de paroisses proches en Haute-Auvergne, comme celles que vous indiquez dans la Chataigneraie. L'emigration peut dater du dernier quart du XIIeme siècle ou du XIIIeme siècle.
Réponse de Renaud Anzieu : 1 - Geneanet donne BRAYAT en Chataigneraie du Cantal jusqu'au 17è siècle et la carte des noms de famille donne ce patronyme dans le Cantal 2 - Un seul lieu-dit en France nommé Brayat (selon Gencom), commune de BOISSET, dans la Chataigneraie du Cantal (justement une zone d'émigration connue vers l'Espagne) 3 - Emigration de cantalous de la Chataigneraie vers l'Espagne. dont au 17 et 18 dans le sud de l'Aragon selon étude de Emilio Benedicto Gimeno
Gandia
(Comunauté de Valence - uu sud de Valence en bord de mer) 25/06/1883 Drugeac. Joseph Denys SEVESTRE o 18/02/1859 Gandia (Espagne) Marchand de Chevaux épouse Françoise Marie Ernestine BONY.
Alicante Joseph Jacques CHASSAN ° en 1719 à Barriac les Bosquets (Cantal France), fils de CHASSAN Etienne et de JAQUET Anne s'est marié le 28 juillet 1751 à Tarbena (Alicante) avec RIPOLL Francisca Maria. Descendance en Espagne jusqu'aux arrières grand-parents de Richard MAS : rickyjeanmi chez yahoo en france
Gerone
(Girona? - Catalogne Catalogne) - les saisonnier VALARCHER : VALARCHER Jean né en 1838 au Claux (Cheylade), et de ses 4 fils VALARCHER Jean (tous les 4 ont le meme prenom!) né entre 1863 et 1873, au Claux. Jean Valacher faisait le commerce de fromage et de toile (en descendant) etremontait avec du vin, des mantilles, des cannes et des parapluies. Il était absent tous l'hivers laissant au Claux sa femme et ses enfants. Il ne faisait pas le voyage seul. Il emmenait d'autres hommes du village (RODDE). Ses fils et cousins ont pris le relai. D'apres ma grand-mere (qui a connu son grand pere) il avait un petit magasin a Gerone (Catalogne). Nous avons encore quelques traces de cette epoque dans la famille notamment des bijoux et une canne mais les vieux papiers ont ete brulés o(((. La famille Valarcher a acheter au fils des ans pas mal de terre au Claux, je supposedonc que ce commerce devait etre rentable. NB: les Valarcher n'apparaissent au claux que vers 1800. peut etre venaient ils de Mauriac??? Un livre pour en savoir plus: "Les espagnols de l'Auvergne et du Limousin du XVII éme au XIX ème siècle" de A. Poitrineau, chez Malroux-Mazel 1985. A la fin du livre il y a un index des patronymes cités (pas de Valarcher ni Establi ni de Cossoul !!!).
Espagne - sans précisions
- Revue de Haute Auvergne de juillet septembre 1968
Seconde partie : article sur la vie d'une famille paysanne aux XVII° et XVIII°. Il y a un chapître sur l'émigation en Espagne. Il y a une référence à une étude d'un certain Durand (dont les références doivent être dans la première partie de l'étude ?). Il semble que les cantalous établis en Espagne le faisaient dans le cadre de compagnies organisées, le cas cité est celui d'une compagnie dite de Chinchon. La première partie de l'article doit être dans le n° précédent.
- D'après ma mère, la famille de sa grand-mère les DELAGNES faisaient du commerce de toile avec l'Espagne, elle se rappelle encore les châles espagnols dans l'armoire de sa grand-mère Marie-Antoinette originaire de Cassaniouze, orpheline mais richement dotée à son mariage et qui avait du bien (d'après son testament), donc ses ancêtres avaient peut-être bien réussi dans ce commerce. Isabelle Roche
- Roquesolanne Pantaléon travailleur agricole né le 1/3/1733 à Marcolès (15), + 14/7/1781 Calanda x 27/9/1766 à Calanda avec Teresa Cortes
Jean Souquieres né ers 1692 à Leynhac x Jeanne Muratet : est dit présent au Royaume d'Espagne en 1710 dans le testament d'une tante.
- Jean Souquieres né le 9/11/1795 à Naucelles. 17 avril 1827 marchand boulanger en Espagne
- Maida - introuvable en Espagne
13/11/1876 Drugeac. Edouard VALARCHER ° 26/10/1843 Maida (Espagne) Boulanger à Mauriac épouse Marguerite BONY. Il existe un C.M. en date du 11/11/1872 Mtr DRAPEAU notaire à Mauriac. En témoin son frère Joachim VALARCHER, Menuisier à Mauriac.
- Contrat du 27/10/1701 : actes notariés du Marquisat de Creil Bournezeau, aujourd'hui Bournezeau dans le bocage vendéen. Contrat d'entraide de trois marchands de la province d'auvergne, travaillant visiblement avec le royaume d'Espagne. Ces trois marchands sont: Le seigneur Gandillon, Jean Romand et le seigneur Charbonnel.
Information : il y a beaucoup de Gandilhon sur Dienne dans le cantal. Il y a un lieu dit nommé "La Gandilhon" dans la commune de Lavigerie (15102). Il existe beaucoup de charbonnel dans la region de bagnols pres de la tour d'auvergne dans le puy de dome mais aussi à champs sur tarentaine dans le cantal.
vers l'Espagne ... depuis Crandelles (Cantal)
Vu sur [http://perso.wanadoo.fr/crandelles/histoire.html]
La petite commune de Crandelles s'enorgueillit d'avoir été le berceau de la célèbre "compagnie de Chinchon". Fondée au XIIIe siècle par des émigrants Crandellois. Lors du courant d'émigration des Auvergnats vers l'Espagne elle fut l'un des plus beaux exemples de l'esprit d'initiative qui les caractérise.
Plus de quatre cents Cantaliens (pour la plupart originaires de Crandelles) faisaient partie de la société de Chinchon au XIIIe siècle. Cette société était régie par quatre chefs dont la parole valait les meilleurs contrats. Pour en faire partie il fallait avoir 16 ans et miser 4 000 francs , ensuite chaque sociétaire percevait une part des bénéfices qui croissait tous les 4 ans. La vie était pénible pour le Cantalien qui battait l'âpre campagne espagnole. Chacun devait garder intactes les traditions du terroir : quiconque se mariait en Espagne, avait une mauvaise conduite ou jouait, était exclu.
La société ne cessa de prospérer jusqu'a la fin du XIIIème siècle. Les différentes guerres qui opposèrent alors la France et l'Espagne entraînèrent la disparition de la puissante compagnie de Chinchon.
Toutefois les cantaliens ont continué d'émigrer vers l'Espagne et d'y prospérer. Quels métiers exerçaient les "Espagnols" (ainsi qu'on les appelait) au XIXème siècle ? Ils vendaient du drap, de la mercerie, des mulets, étaient chineurs, tenaient des buvettes, des boulangeries...
Cette intense activité commerciale avec l'Espagne a eu un retentissement sur Crandelles et sa population :
Élisée Reclus écrivait en 1885 : "les paysans d'Ytrac et de Crandelles sont ceux qui se rendent en plus grand nombre de l'autre côté des Pyrénées ; on dit qu'ils se distinguent des autres habitants de la Haute Auvergne, non seulement par leur costume, presque Catalan, mais aussi par la vivacité de la physionomie, l'éclat du langage et la richesse de l'imagination ; leurs femmes et leurs filles ont aussi quelque chose d'Espagnol dans les traits, le vêtement et la parure..."
Henri Durif ajoutait : " La population de cette contrée émigre en Espagne. Les femmes s'en ressentent, car nulle part en Auvergne elles ne sont plus brunes ni plus originalement parées..."
vers l'Espagne ... depuis l'Aveyron
- Pour l'Espagne il y a eu emigration économique du Rouergue vers l'Espagne du Moyen-Age a la fin du XIXeme siécle.
Le flux s'est inversé au XXeme siècle (émigration economique de l'Espagne vers la France et le Rouergue en particulier). Mais il y a eu d'autres raisons de depart vers l'Espagne entre 1792 et 1824: - emigration de nombreux pretres et de quelques nobles sous la Revolution - intervention française en Espagne sous le roi Louis XVIII pour retablir le regime absolutiste du roi Ferdinand menacé par les libéraux (1822-23) Jen-Louis Dega
- L'émigration aveyronnaise en Espagne est très ancienne. Pour une saison, c'était les scieurs de long, les boulangers aussi étaient appréciés.
Tous les curés insistent, dans l'enquête de Mgr Cicé, à la fin du 18e siècle, sur la nécessité de l'émigration, pour rapporter l'argent nécessaire à la survie des familles. Le voyage n'était pas de tout repos, on trouve des testaments faits avant le départ, ou en route. Josette Bouges Josette.Bouges@wanadoo.fr
- Ma grand mère nous racontait l'histoire de jeunes de l'Aubrac, qui partaient l'hiver en Espagne, pour se louer comme scieur de long, et allaient jusqu'au Portugal aussi, jusqu'à Compostelle, et parfois (souvent?) revenaient nantis d'une épouse, ou fiancée (Novia) les parents agés suffisaient l'hiver à la ferme pour soigner les animaux qui ne pouvaient pas sortir, les cheptels étaient la plupart du temps modeste. Mayeux Dominique
vers l'Espagne ... depuis la Corrèze
Vers 1820, 900 Corrèziens séjournaient à Cadix; si certains y ont fait souche, la plupart revenait au pays pour se marier. Deux temoins venaient confirmer lors de la cérémonie que l'intéressé n'avait pas convolé de l'autre côté des Pyrénées. Ils étaient issus de campagnes pauvres et tentaient de faire fortune en Espagne, ce qui fut souvent le cas, avant de revenir au pays, . Il est donc vraisemblable que des Aveyronnais aient suivis la même voie pour les même raisons. F. cayre fcayre2@wanadoo.fr
Voyage du Cantal en Castille
« à la rencontre de l'émigration cantalienne »
"But : retrouver les lieux témoignant de cette émigration, sur au moins trois siècles, que chacun connait, mais aussi de rencontrer des familles d'origine cantalienne, ayant fait souche en Espagne, à la suite de cette expatriation, et éventuellement renouer des liens généalogiques. Nous recherchons pour cela, toutes personnes et familles d'origine cantalienne, ayant fait souche en Castille, ou qui pourraient nous orienter et nous mettre en contact avec celles-ci. Si vous avez des informations ou des adresses à nous communiquer, voire éventuellement, si ce voyage vous intéresse, nous vous remercions de bien vouloir nous le faire savoir à mon adresse de messagerie."
Marcel Andrieu (Association Aprogemere)
- Témoignage de Dominique Rougier :
"Au mois de novembre 2003, l'association APROGEMERE a organisé avec l'université inter-âges du Cantal un voyage en Espagne à la rencontre des familles auvergnates ayant fait souche à Barcelone ou à Madrid. Nous avons donc rencontré les descendants des familles Vermenouze, RATIE, CARRIERE, Clamagirand, Nozière, etc... et deux associations de généalogie locales, dont une, Vicus Albus a relevé tous les auvergnats de Vicalvaro, et a permis à l'une des participantes au voyage (qui était venue avec ses notes) de retrouver deux cousines qu'elle croyait décédées (recherches menées en 24 heures) et ces cousines s'appellent .... BEX.!!! et il y en a plusieurs dans l'annuaire télèphonique de Madrid. C'est un patronyme très répandu dans le bassin d'Aurillac, plusieurs fois cité dans le livre de Rose Duroux ."
Pourquoi l'Espagne ?
Extrait d'une synthèse d'études faites sur le sujet par l'Association Aprogemere de Marcel Andrieu.
L'idée répandue que l'émigration était dû au fait que la Châtaigneraie ne nourrisait pas ses hommes et que les cantaliens sont partis voir ailleurs est sans doute fausse. Si ce fut surement vrai pour l'émigration récente à Paris, ce fut très différent pour l'Espagne. Les émigrants en Espagne étaient peu de la Châtaigneraie, mais plutôt de bassins plus favorisés. Les auvergnats entreprenant étaient attentifs à toutes possibilités de gagner de l'argent.
"Crandelles, "berceau de la Compagnie de Chinchon" : selon une opinion généralement accréditée, ce serait le fameux pèlerinage de St Jacques de Compostelle qui attira les cantaliens vers l'Espagne. Une des grandes voies conduisant au sanctuaire, passait en effet par la capitale de la Haute Auvergne. Les pèlerins venus surtout du Puy où ils avaient sollicité la Vierge Noire, arrivaient par le col de Cabre à Aurillac, où les restes vénérés de St Géraud et de sa mère Adeltrude faisaient des prodiges ; puis ils allaient s'incliner à Conques devant les reliques de Ste Foy ; certains cheminaient vers Toulouse où étaient celles de St Sernin, en traversant Maurs et Figeac.
Il est probable que les pèlerins furent suivis par des marchands d'Aurillac, gens audacieux qui ne craignaient pas les voyages à l'étranger. Certains, avant de retourner dans leurs montagnes natales, durent essayer de faire du négoce en Espagne. L'impulsion donnée au commerce par les pèlerinages, fut accrue par les relations politiques existant entre le Carladez et l'Aragon. C'est une hypothèse soutenue par plusieurs auteurs
Pour d'autres, l'émigration vers l'Espagne dérive tout simplement de mouvements migratoires existant vers le Midi, favorisés par la similitude de langue et de mours. Il est d'ailleurs souligné que les relations entre l'Espagne et la Haute Auvergne sont antérieures à la vogue des pèlerinages vers St Jacques de Compostelle.. On peut alors penser que ces mouvements d'émigration et ceux des pèlerinages se seraient favorisé mutuellement.
Cette émigration fut fort active au XVIII siècle et la haute Auvergne s'enrichit alors par le nombre considérable de ses habitants qui en sortaient tous les ans pour accomplir les ouvrages que les espagnols n'avaient pas coutume de faire. Par ses apports financiers, l'âge d'or de l'émigration cantalienne commence. C'est la constitution, pour une longue prospérité , des deux grandes Sociétés commerciales de Chinchon et de Navalcarneros"
Dans "Visages de l'Auvergne" (page 24) de 1949 (par Henri Pourrat, Lucien Gachon, André Bossuat, Henri Charlier et Alexandre Vialatte) : Au sujet de la Châtaigneraie. Elle fait partie des cantons les plus défavorisés (avec le Livradois, Forez, Combraille, Artense), point trop haut, ni trop uniformes, ni trop accidentés non plus. Jusqu'au 19° siècle ces régions ont porté jusqu'à 120 humains au kilomètre carré, soit plus que les plus fertiles plaines du Bassin Parisien ! "Ces humains, comment les nourrir? Ils étaient prolifiques et ils étaient vaillants. Ils ont épuisés les réserves du sol en bonne terre et en humidité. Il ont émigré, ou bien ils se sont ingéniés l'hiver à des ouvrages. Autant que de paysans, le Livradois et la Châtaigneraie étaient, voilà 200 ans (250 ans maintenant), des pays de tisserands à domiciles. Dans ces pays pauvres et purs, il y a donc eu une période de survitalité. Mais quel tristesse de lui voir succéder la inverse de sous-vitalité !"
par Marie Bardet - décembre 2003
Les causes de l'émigration auvergnate ne sont pas totalement inconnues. Ainsi la famille du félibre vermenouze, qui n'était pas une famille de nécessiteux mais de marchands, originaire d'Ytrac envoyait traditionnellement ses fils en espagne, lui meme y est allé également. Quant aux filles, il faut se souvenir que cette émigration n'était pas définitive car ce n'était pas le but cherché (sauf exeption, il y en a ... mais peu par rapport à l'envergure du phénomène) et que les garçons revenaient au pays pour s'y marier et que les hommes mariés qui partaient grace à des réseaux très bien constitués, passaient devant le notaire pour mettre entre les mains de leurs épouses la marche des affaires et de la famille en Auvergne. On a ainsi des procurations dès le XVIè siècle (vers 1600, un marchand de Yolet près d'Aurillac). Ainsi l'émigration était rendue possible aussi parce que les femmes restaient au pays pour veiller aux affaires ! Tout était bien organisé. J'attire aussi l'attention pour signaler que l'Espagne n'était pas la seule destination des Auvergnats, les registres paroissiaux de St Cirgues de Jordanne sont à cet égard révélateurs ! L'émigration de l'Ancien régime n'est en fait effectivement pas une émigration de la misère mais causée par le besoin de numéraire qu'on allait chercher à l'extérieur depuis bien longtemps. Il y a à ce sujet une correspondance interessante des Intendants qui se desespèrent de ces départs et qui ont essayé un moment de les interdire par édit mais ils ont du reculer. J'ai aussi un exemple (un seul!) d'un espagnol qui s'est installé dans le Cantal au XIXè siècle ! Les grands flux migratoires auvergnats pour l'Espagne ne se situent pas en pleine Chataigneraie mais touchent en grande majorité les habitants de la montagne et du bassin aurillacois.
Arsène Vermenouze
Poète du Cantal, il est né à Ytrac, près d’Aurillac, le 26 septembre 1850. Ses parents sont Marie-Anne Mélanie Garric et Firmin Vermenouze, alors marchand en Espagne. " A 16 ans, Arsène Vermenouze part pour l’Espagne et arrive à Illescas où se trouve un des magasins de la société Vermenouze Frères et Compagnie. L’émigration auvergnate en Espagne était importante autrefois. Il y avait des émigrants isolés exerçant des métiers divers et pénibles, boulangers, cordonniers, étameurs, marchands ambulants. D’autres émigrants, issus de familles aisées, allaient en Espagne en groupe et travaillaient en commun dans des sociétés organisées et régies par des statuts. Ainsi, dans la plus puissante, la compagnie de Chinchon qui déjà comptait des Vermenouze, société d’hommes, il était interdit de se lier et de se marier avec des Espagnoles. Les épouses et les enfants restaient en Auvergne où l’on retournait quelques mois après une campagne de deux ans."
Il y a eu sur Vermenouze une thèse d'Etat (2 tomes) qui est aux Archives départementales du Cantal.
De Jérome Rivalain
Un cantalou épouse une espagnole? Jean Rigaldies, né en 1744, fils de Antoine et Marguerite Peyrou, avait épousé en premières noces Maria Rodriguès, dont il était veuf en 1788 lors de son remariage avec Marguerite Places à La Ségalassière. Source : AD d'Aurillac, état civil.
Quelques remarques de Marcel Andrieu
Les voyages en Espagne n'étaient pas sans dangers non plus, et beaucoup d'émigrés s'intègraient aux pèlerins de St Jacques, par sécurité. D'autres partaient avec un pécule sur lequel ils étaient assis pour ne pas se le faire prendre ! Je veux dire qu'ils l'investissaient dans l'achat d'une monture servant au voyage, qu'ils revendaient ensuite un bon prix aux espagnols.
Les plus belles maisons auvergnates du bassin d'Aurilac ont été construites avec l' argent des "espagnols"
Ces départs donnaient aux épouses restées au pays, un statut et un pouvoir social important, il suffit de voir les testaments laissés par les époux à chaque départ.
Pourquoi l'Espagne par Marie Bardet
L'émigration auvergnate à l'extérieur de la province était quasiment une phénomène officielle et reconnue avec lequel il fallait compter mais d'autres provinces en connaissaient aussi, donc ce n'est pas un phénomène seulement auvergnat, loin s'en faut.
Ainsi, au XVIIème siècle, dans les années 1650, un notaire de Raulhac en Carladès, Pierre Froquière, s'occupait officiellement de la traduction des actes en espagnol et était sollicité devant les tribunaux le cas échéant (Abbé POULHES, l'Ancien Raulhac, 1903).
A Aurillac, le marchand Jacques Delduc s'était spécialisé dans la traduction des contrats passés en langue espagnole dans les années 1665 (ADC E 353).
Il faut savoir que la Haute-Auvergne n'assurait pas sa substistance et que chaque année, elle devait acheter du blé en dehors notamment au moment des fameuses soudures. Donc il fallait de l'argent pour acheter le blé et payer les impots !
Voici ce qu'écrivait M. d'Albeiges, qui était intendant d'Auvergne, au controleur général des finances,en 1692 : "La plupart des Auvergnats qui vont en espagne sont mariés. Ils ont femmes et enfants. Quand les garçons sont assez grands pour travailler, le père les mène avec luy. Tous ces gens-là ont l'esprit de retour. Ils rapportent des pièces de 4 pistoles. C'est par cette voye qu'il en entre en Auvergne et cela sert à payer la taille. Ce qui est à craindre, est qu'en sortant d'Espagne, on ne leur oste l'argent qu'ils avaient en revenant, car il ne faut pas craindre que ces gens là quittent leur pays tout à fait...".
Mais l'intendant était contre cette émigration qui privait la province de ces élements les plus vigoureux ce qui faisait par contre coup monter le prix de la main d'oeuvre (on a rien inventé de nos jours...). Alors il avait envisagé de prendre des mesures contre l'émigration habitielle mais des ordres contraires venant de Paris lui furent donné par la suite et il dut abandonner son projet.
Dans "Mémoire sur l'Etat de la généralité de Riom, en 1697 dressé pour l'insctruction du Duc de Bourgogne par l'intendant Lefevre d'ormesson" de Abel POITRINEAU (voir bibliographie) , l'intendant dit "Le surplus de l'industrie des habitans concistent au grand nombre des habitans qui en sort pour aller travailler en espagne...de l'Auvergne seul ou plutost des montagnes d'Auvergne du costé d'Aurillac, Mauriac Saint-Flour, ils allaient tous les ans en espagne 5 à 6000 travailleurs qui rapportent dans le pays par estimation sept à huict cent mil livres...". On comprend l'importance que prenait alors ces départs au loin.
A.Poitrineau estime qu' 1/5ème de la population était concerné par les flux migratoires. C'est à peine simplifier que préthende que les migrants potentiels ne constituaient qu'un cinquième, en gros, de la population totale mais le cinquième le plus efficace dans le champs de la production, formé des hommes dans la force de l'age, la partie la plus agissante du stock démographique.
Ce phénomènes saisonniers d'émigration se retrouve dans la plupart des documents concernant la haute Auvergne (actes notariés et registres paroissiaux).
Avant de partir, les hommes mariés passaient procuration en faveur de leur femmes ce qui donnait à ces dernières par contre coup une importance considérable qu'elles n'avaient pas lorsque le mari était au pays.
Cette émigration n'a été qu'en partie possible que parce que les femmes restaient au pays pour y gérer les biens des absents.
Le 25 octobre 1601, Nicolas laboria est chaudronnier, à Aurillac. Il va partir en espagne et passe procuration à sa femme chez le notaire Navarre, de Yolet : "de gré par libre volonté...pour aller au Royaume d'espaigne ou il a coustume de fréquenter...a faict et a institué...procuration générale...à Giliberte Carrier, sa femme pour gerer, négocier et administrer ...pendant et durant son absence...les negoces et affaire d'icelluy..." (ADC E 75/51).
Les futurs migrants faisaient aussi leur testament : 29 avril 1620 : testament de François carrier, du lieu d'Yolet. François carrier est célibataire. "Lequel...prethendant se absenter...pour quelques tems de la province d'Auvergne pour s'en aller au roiaume d'espaigne afin de gaignier sa vie...et craignant...le voiage...a fait son testament". Il lègue en tout plus de 300 livres à son père et ses frères et soeurs. C'est beaucoup, c'est environ ce qu'il fallait avoir au XVIIè siècle pour vivre pendant une année.
Jean bancarel, du village de Boudieu, de Yolet, fait de meme. Testament du 14 avril 1641 : "...prethendans s'absenter quelques tems du pays et Royaume de France et aller au roiaume d'Espanhe pour gaigner sa vie et craignant deceder pendant un voiage..." Il laisse à ses frères et soeurs une centaine de livres.
Jean Courbebaissse, teste en 1645 et sa succession s'élève à 450 livres.
On voit d'ailleurs un certain enrichissement d'"un voyage à l'autre : François carrier : 1er voyage en espagne en 1616 : testament d"une valeur de 40 livres environ. 2ème voyage en 1620 : la valeur est de plus de 300 livres...Il y a d'autres exemples significatifs.
On trouve également trace de l'émigration dans les registres paroissiaux : A Cros de montamat (aujourd'hui Cros de ronesque) : 7 avril 1664 : Louis Lafon décéde en revenant d'espagne "surpris d'un torrant neige...". Dans la même paroisse : Le parrain de catherine Terry est Gabriel Lardou qui doit cependant se faire représenter car : "qui est a presant au royaume d'espaigne". idem en 1659 pour Pierre Terrisse.
Mais on pouvait aussi mourir en Espagne...
Dans la meme paroisse de Cros de montamat : le 13 octobre 1750, mariage de Raymond froquières d'escoubiac et de gabrielle rentière. Cette dernière est veuve de Jean Antoine Combier, décédé : "A Syville en Espagne, le lundi 28 juillet 1749, et fut enterré au sanctuaire de l'église paroissiale de Syville comme il m'a été certifié par Lorens de Andrare, notaire public..." notaire de Séville.
A Labrousse, toujours en Carladès : Décès le 31 octobre 1761 de Baptiste Courbebaisse, 30 ans, "le dit baptiste Courbebaisse marié quand il vivoit à Madrid, ville d'Espagne"...enseveli le lendemain."
Du role des femmes ...
"Les femmes retrouvaient une autonomie certaine lors que les maris étaient morts ou hors de la province. Ainsi au XVIIème siècle, avec la précarité de la vie, les hommes qui avaient quelques biens dans leur testaments, faisaient élection d'héritier avec un fideicommis. C'est à dire qu'il nommait leur femme héritière de leurs biens avec mission de remettre ensuite lesdits biens entre les mains d'un de leurs enfants une fois ce dernier majeur ou sur le point de ce marier. C'est à dire que la femme devenait chef de famille, pouvait passer des actes devant notaire pour vendre, acheter emprunter etc ... (ttes choses qu'elle ne pouvait faire qd son mari était présent ou alors pour ses biens propres toujours avec sa permission). Puis une fois le fils majeur ou la fille majeurs ou pour leur mariage, elle leur retrocédait les biens du mari avec en prime les siens. cette habitude très repérable dans les testaments du XVIè , XVIIé et début XVIIIè a été ensuite à la fin du XVIIIè interdit par un édit parce qu'elle était de nature à perturber la suite logique des héritages puisque pour 2 générations, l'héritage avait déjà un destinataire en bout de chaine. Or les testaments en haute auvergne de droit écrit, c'étaient justement fait pour élire en toute liberté un héritier universel à partir du moment où les enfants avaient leur part appelé "légitime" qu'on ne pouvait pas leur enlever. Pour le départ des migrants, c'est un peu la même chose. Dans l'exemple que je donne, l'exemple laborie, on trouve ensuite des actes pris par sa femme. Je ne dis pas que tt le monde faisait comme ça, non, parce qu'il fallait au moins que la femme soit assez intelligente pour gérer les biens au pays et ça, le mari en partance savait bien si sa femme était capable ou non, et puis il fallait aussi prendre en compte certaines dispositions particulières qui pouvaient pousser le mari a ne pas compter sur sa femme (héritage, importance prise par un frère, omniprésence du père qui n'avait pas encore fait son testament et avec lequel il fallait compter etc...etc..)., mais je dis que cette possibilité assez étonnante lui était offerte dans une société qui la mettait en tutelle dès qu'elle se mariait."
Pour quelle raison l'Espagne accueillait-elle autant d'immigrés ?
Ci-dessous copie d'une page d'un site d'une élève de l'ENS, Emilia ROBIN Elle avait un site qu'elle a supprimé et dont j'ai trouvé trace ici http://web.archive.org/web/20061212062827/www.eleves.ens.fr/home/robin/histoire/index.html
Ce cours m'a semblé intéressant pour comprendre peut-être une des raisons à l'émigration des cantalous ves l'Espagne.
"Fierté espagnole et hantise de la décadence
Le règne de Philippe II commence par la banqueroute de 1557; l'État monarchique est incapable de rembourser ses dettes. La victoire de Saint-Quentin n'a pu être exploitée, faute de moyens pour financer l'énorme armée des Habsbourgs. en 1558, Luis Ortega écrit un mémorial sur les difficultés financières de la monarchie ( Memorial para que no salga dinero del Reino) : c'est le premier ouvrage arbitriste.
L'insurrection des Morisques du royaume de Grenade, le désastre de l'Invincible Armada (1588), la banqueroute de 1596, la création de l'impôt des «millions» en 1599, les épidémies de peste qui ravagent la péninsule et précipitent le déclin de la Vieille Castille sont les premiers signes de l'ébranlement de l'hégémonie espagnole. Ces vicissitudes s'accompagnent d'une vague massive de publications arbitristes.
La littérature arbitriste correspond aussi aux années 1620, au début du règne de Philippe IV, avec la fin de la Trêve de Douze Ans avec les Pays-Bas : le choix entre la paix et la guerre contraint surtout à réfléchir sur la force réelle de l'Espagne, au regard de ses engagements européens. La réflexion sur la décadence occupe en effet d'emblée un double versant, philosophique (réflexion éthique fonciérement pessimiste) et économique (arbitrisme).
L'arbitrisme est une pensée politique pratique, qui veut d'abord proposer des solutions. C'est aussi une pensée politique engagée, l'expression d'un profond mouvement civique. C'est enfin un sursaut patriotique, castillan et espagnol : les arbitristes sont des Castillans qui refusent la fatalité du destin; mais au delà de la Castille, c'est l'Espagne, la famille des peuples réunis par les Rois Catholiques, qu'ils veulent préserver du déclin et maintenir debout.
Un arbitriste est un auteur politique proposant au pouvoir des projets de réforme ( arbitrios), essentiellement économiques et sociales. On fait en général débuter le phénomène avec le Mémorial adressé à Philippe II par Luis Ortiz. L'âge d'or des arbitristes correspond aux règnes de Philippe III et Philippe IV (1598-1665), durant lesquels on publia au moins 165 traités de réforme. Les auteurs les plus intéressants furent Martín González de Cellonigo, Pedro de Valencia, Sancho de Moncada...
A) La production des richesses
1) Le problème fiscal
Le point de départ de cette réflexion est le désastre financier, malgré l'arrivée de métaux précieux en Espagne. La détresse financière de la monarchie apparaît la conséquence d'une organisation déficiente de la fiscalité : une répartition inégale, qui fait supporter toute la charge par la Castille et ménage les royaumes aragonais. De même, à l'intérieur de chaque État, l'impôt frappe inégalement les catégories socio-professionnelles, les régions et localités, les sujets de même condition et du même lieu.
un circuit trop long d'intermédiaires parasites entre le Trésor royal et le contribuable, avec les exactions frauduleuses des magistrats municipaux, des fermiers de la Real Hacienda.
l'élévation de la charge fiscale atteint le point de rupture du rendement décroissant; toute charge supplémentaire réduit la capacité contributive de sujets découragés et démotivés, qui renoncent à entreprendre, réduisent leur activité productive à la stricte subsistance. Des remèdes sont aussi proposés : réduire les coûts de fonctionnement de l'organisation fiscale. Le plus sûr moyen paraît être la substitution de l'affermage par une régie directe la plus proche possible des contribuables.
rechercher l'égalité civique devant l'impôt, sans ménagement pour les privilèges territoriaux, corporatifs ou personnels (participation des royaumes de la couronne d'Aragon, restriction des effectifs du clergé, lutte contre l'évasion fiscale parée des apparences de la vocation religieuse).
réduire le nombre des impôts, facteur important du coût de l'administration fiscale; s'orienter vers une contribution unique, levée sur les patrimoines productifs (comme une dîme royale sur les récoltes) et sur les revenus (capitation tarifée par catégorie socio-professionnelle).
réviser régulièrement la répartition du fardeau fiscal, suivant la situation démographique et économique des pays et localités. Il faut donc maintenir la pratique des recensements périodiques, mener des enquêtes sur le dépeuplement, ses causes, les possibilités de repeuplement des zones rurales abandonnées. Cette information statistique régulière permettra de moduler des dégrèvements fiscaux en faveur des villes ou des campagnes éprouvées; la suspension temporaire des levées de troupes, du logement des gens de guerre, compléterait ces dispositions. La conviction fondamentale qui anime l'arbitrisme fiscal, de Luis de Ortiz à Francisco Martínez de la Mata, est que seule l'économie prospère d'un peuple industrieux peut assurer l'aisance des finances royales. La pensée économique est souvent qualifiée d'anti-capitaliste. Il est vrai qu'elle dénie toute utilité sociale aux activités spéculatives fondées sur le maniement de l'argent. Placer dans le travail l'origine de la richesse conduit à déprécier les services financiers. De ce point de vue, les arbitristes acceptent volontiers le capitalisme des entrepreneurs, industriels ou agriculteurs; ils refusent le capitalisme des banquiers et des rentiers. C'est pourquoi ils condamnent le crédit public des juros émis par l'État, comme le crédit privé des censos, prêts hypothécaires consentis aux artisans et aux agriculteurs. Ce point de vue s'explique par la situation qui existe alors :
les finances royales drainent la majeure partie de l'épargne disponible; la ponction du crédit public prive les entreprises productives des capitaux nécessaires.
l'investissement foncier est entravé par la mainmorte, sous les trois modalités juridiques qu'elle revêt (propriété ecclésiastique, majorat des particuliers laïcs, biens communaux et municipaux). La mobilité socio-économique se heurte à l'étroitesse du marché foncier. Ne pouvant se déployer par transfert de la propriété des terres, elle s'effectue par captation de la rente foncière. Les fermiers des dîmes ou des seigneuries, les marchands de grains, les rentiers des censos étouffent dans l'oeuf la solide classe d'entrepreneurs agricoles dont l'Espagne a besoin.
2) La question monétaire
Il n'est pas question pour autant de négliger la question monétaire. L'émission de la monnaie de billon est réprouvée, non parce qu'elle est une monnaie faible, mais parce que sa parité légale, supérieure à sa parité réelle, en fait une monnaie falsifiée. Conserver les métaux précieux revient à maintenir le handicap de prix et de salaires élevés dont souffre l'industrie espagnole vis-à-vis de ses partenaires européens. Conscients de cette conséquence, les arbitristes n'envisagent pas d'autre issue que le protectionnisme à outrance. Celui-ci dicte les options communes aux programmes mercantilistes qui s'élaborent dans tous les États européens à la charnière des XVIe et XVIIe siècles : entraver les exportations de matières premières, telle la laine, encourager leur élaboration par l'industrie nationale, afin de conserver la valeur ajoutée par la manufacture et les emplois industriels.
réduire ou prohiber l'importation d'articles manufacturés étrangers, et encourager leur production par l'industrie nationale. Cette préoccupation s'applique particulièrement aux productions luxueuses acquises par les classes dirigeantes. La situation particulière de l'Espagne invite à demander l'éviction des négociants et banquiers étrangers, en particulier des Génois, et à souhaiter le développement d'un puissant secteur bancaire espagnol.
3) L'agriculture
Les maux de l'agriculture espagnole sont pour une part les conséquences normales, et somme toute peu inquiétantes à long terme, des épreuves démographiques du temps : pestes, expulsion des Morisques, moindre dynamisme démographique d'une Vieille Castille parvenue à l'apogée des densités humaines autorisées par les conditions naturelles et les capacités des forces productives. Une telle situation entraîne l'abandon de la culture permanente des terres les plus ingrates, ou les plus écartées de l'habitat; elle peut entraîner une extensification partielle de la mise en valeur des terroirs : substitution de l'élevage à la culture, du défrichement intermittent à l'assolement régulier, par exemple. On ne peut enrayer le déclin de l'agriculture par de simples améliorations agronomiques, mais l' amélioration de sa productivité est une condition de sa restauration (utilisation de chevaux à la place des chevaux comme bêtes de trait, en particulier pour les labours); la relève des paysans morisques expulsés doit prendre le plus grand soin des réseaux d'irrigation, qu'il faut non seulement conserver mais aussi étendre; on se préoccupe aussi d'intensification des cultures par l'extension des vergers au détriment de la vigne, et aussi du reboisement.
Par la diversification des ressources, l'agriculture mixte atténue les conséquences des vicissitudes conjoncturelles qui accablent la paysannerie. La précarité décourageante de sa condition peut être sensiblement réduite par quelques dispositions législatives (inssaisissabilité des instruments de travail, etc). Ces revendications donnent à la continuité de l'entreprise agricole la primauté sur les intérêts particuliers des créanciers. Le même point de vue inspire les considérations sur la propriété foncière et l'acdès à la terre des paysans.
Le devoir imparti aux possédants de mettre en valeur leur patrimoine productif, la capacité du souverain à règlementer les régimes fonciers en vue d'assurer la prospérité agricole du royaume sont des exigences communément reçues par les penseurs politiques du XVIIe siècle. L'État monarchique peut contraindre les propriétaires fonciers à faire cultiver leurs terres; les municipalités seraient en droit de prendre en charge les terres négligées par leurs maîtres et d'organiser leur mise en valeur au profit de la communauté et des habitants.
Il importe de renoncer pour l'avenir à toute aliénation du patrimoine régalien, et à long terme il est très souhaitable de réincorporer à la Couronne la majeure partie possible des terres aliénées.
La question agraire ne se limite pas à l'agronomie et au régime foncier. Le travail de la terre doit être rémunérateur; il doit assurer à l'exploitant un produit net qui lui permette de vivre. Sur le plan économique, cet objectif se relie à la question des prix. La réduction des coûts de transport leur paraît un moyen plus sûr d'abaisser les prix des céréales que la taxation autoritaire par la fameuse tasa real. Afin d'inciter le paysan à ne pas augmenter les prix, il faut le libérer de la tasa real, qui doit frapper les bénéficiaires de la rente du sol (propriétaires, seigneurs, clergé), les intermédiaires parasites qui allongent les circuits de commercialisation (marchands, fermiers des dîmes, spéculateurs) mais épargner l'exploitation.
La sollicitude envers l'agriculture ne fait pas négliger l'industrie; elle conduit rarement à l'agrarisme anti-urbain.
B) Culture et société
1) Les préoccupations démographiques
Le mot d'ordre est «repeuplement». il dicte un programme : restreindre l'émigration, même à destination de l'Amérique, afin de conserver le potentiel démographique de la péninsule ibérique.
favoriser l'immigration en Espagne de populations catholiques et laborieuses : les agriculteurs et les artisans sont les bienvenus, mais pas les financiers étrangers, qu'il faudrait plutôt expulser.
combattre le célibat des laïcs par la réduction autoritaire des dots de mariage et par la limitation des majorats. Il faut aussi favoriser le mariage et l'établissement des orphelines. Le célibat ecclésiastique n'est pas contestable, mais une règlementation sévère de l'accès aux ordres, des voeux d'entrée en religion, doit le rendre compatible avec le dynamisme démographique. Le manque de bras est en effet une des causes de la langueur de l'agriculture et des manufactures, car il entraîne un enchérissement de la main-d'oeuvre, qui place l'industrie nationale dans une position difficile face à la concurrence étrangère. Plus profondément, l'Espagne souffre d'une mentalité nobiliaire qui dévalorise à l'excès le travail. La condamnation de l'oisiveté, qu'il convient d'extirper par les moyens les plus rigoureux, s'applique au loisir des hommes de condition supérieure autant qu'à la plèbe désoeuvrée des villes et des campagnes. Le statut aristocratique de l' otium ne trouve plus grâce aux yeux des arbitristes : il se confond avec le parasitisme et la paresse.
2) Réhabiliter le travail
L'idée centrale est que le travail est la source de toute richesse. Avec la hantise du dépeuplement va l'idée que la vraie richesse ce sont les hommes. Il s'agit de rendre honorable la condition de travailleur, anoblir par le travail. L'accès aux charges et offices de la monarchie doit être largement ouvert aux marchands, aux maîtres des métiers, aux banquiers même, pourvu qu'ils soient nationaux. Les fonctions d' alcalde et de regidor, les magistratures municipales, devraient revenir de préférence à des propriétaires qui résident sur leurs terres et en dirigent l'exploitation. De façon générale, la paysannerie devrait avoir comme les métiers urbains une participation statutaire au gouvernement municipal. Souhaitant faire de l'élite paysanne une noblesse de cloche, à l'exemple des familles patriciennes urbaines, plusieurs arbitristes proposent de concéder le droit d'armoiries aux familles de laboureurs après quelques générations.
Il s'agit de mettre le sentiment de l'honneur, actuellement perverti et stérilisant, au service d'une émulation industrieuse et civique, qui concoure à la puissance économique de la Nation, comme à la puissance politique de l'État. Ce programme implique une restauration de la noblesse sur les principes de l'utilité sociale et du service de l'État.
3) Le rôle de la noblesse
La noblesse ne doit pas seulement servir le roi; elle doit encore elle doit encore remplir sa mission de guide du peuple sur la voie du progrès technique, d'une bonne gestion, d'une mise en valeur fructueuse des ressources du pays. C'est pourquoi en délaissant la cour et la ville, elle doit résider sur ses terres, diriger l'activité de ses fermiers et métayers, participer à la vie publique locale, donner au peuple l'exemple de l'industrie et du civisme. L'obsession de la pureté de sang accentue la stérilisation des valeurs nobiliaires, détournées du service de la communauté par l'oisiveté rentière. De plus, la réunion des preuves de pureté de sang est coûteuse, les témoignages favorables qu'elles requièrent ne sont assurés qu'aux familles d'un rang inattaquable. Contrairement à l'objectif initial qui était de fournir une voie d'accès aux emplois éminents pour des jeunes gens d'origine modeste mais d'un grand mérite, les ordres militaires et les meilleurs collèges sont réservés en fait aux nobles. L'Inquisition elle-même expulse les artisans et les marchands des rangs de ses familiers.
La plupart des traités contemporains déplorent la perversion de l'idéal vieux-chrétien qui écarte du commandement des armées du roi et des hautes charges civiles de la monarchie des serviteurs dévoués et compétents, trop pauvres pour payer la procédure de réunion de leurs «preuves», ou trop sûrs de ne pas les obtenir. Nul n'exige l'abolition des statuts de pureté de sang, mais il semble que l'attestation de l'ascendance «vieille-chrétienne», une fois établie, devrait avoir valeur probatoire pour les descendants du lignage; et que la noblesse, l'exercice de professions honorables, le service de l'État devraient en dispenser après quelques générations.
Les armes sont à priori le terrain où se manifestent les vertus nobiliaires : les arbitristes sont d'autant plus choqués par la désaffection de la noblesse envers la carrière militaire. L'association des vertus chrétiennes et nobiliaires au service de la vraie religion, que la monarchie hispanique assure dans l'Europe contemporaine, exige une restauration de la vocation combattante des ordres religieux et militaires.
On dit souvent que l'idéal socio-culturel des arbitristes exprime dans l'Espagne du Siècle d'Or la frustration d'une bourgeoisie avortée. La primauté donnée à la production des biens et au travail plaide en faveur de cette thèse. Cependant cette mystique du travail ne conteste pas l'hégémonie sociale de la noblesse; elle prétend seulement la réformer, sur le principe de la noblesse du travail. Il est par ailleurs remarquable que cette frustration bourgeoise se place dans les perspectives traditionnalistes d'une économie agraire et d'une société rurale. La primauté généralement reconnue à l'agriculture dans la vie économique de l'État fait des arbitristes les précurseurs directs des physiocrates français du XVIIIe siècle.
C) Les arbitristes et l'État
1) La réforme du pouvoir
Un programme aussi ambitieux exige un État capable de conduire la politique économique, sociale et culturelle qu'il met en oeuvre; il implique la réforme de l'État. Le souverain doit donner l'exemple en réduisant les dépenses de la maison du roi : le Conseil de Castille constate en 1619 qu'elles ont doublé sous le règne de Philippe III. De même, la législation et les procédures doivent être simplifiées. Il ne s'agit pas de diminuer l'État, mais au contraire de le restaurer, de faire cesser le parasitisme, le pillage dont il est la victime. Le processus de vente des offices, même inférieurs et ne comportant pas juridiction, doit être enrayé car il entraîne la privatisation à terme de l'autorité publique (hérédité des offices). La sûreté de l'État requiert la réincorporation à la Couronne des patrimoines, des recettes fiscales, des juridictions et droits régaliens aliénés, le plus souvent au bénéfice de l'aristocratie.
Un État assaini et vigoureux pourra promouvoir le développement économique qui fondera sa puissance et affermir les institutions d'une société qui s'est ressaisie.
2) La dimension internationale de l'Espagne
La question est aussi de savoir si les aspirations des arbitristes étaient compatibles avec l'idéal officiel de l'État hispanique. C'est le jésuite Ribadeneyra qui en a sans doute donné l'expression la plus achevée. Refusant la désacralisation de la politique, il veut nier la raison d'État des machiavélistes; il souligne le magistère moral supérieur de la religion sur les finalités politiques. Le dessein providentiel de Dieu pour l'humanité conduit un destin temporel dont ne peuvent rendre compte la seule raison, le droit des gens et les lois positives. Une telle conception ne laisse pas de place au pluralisme religieux : elle place au contraire dans l'unité religieuse des citoyens le fondement de la puissance de l'État : un roi, une foi, une loi. Les implications de cette doctrine sur les rapports internationaux ont été dégagés par un autre jésuite, Francisco Suárez. Si le pape et l'empereur sont chacun dans leur sphère, spirituelle ou temporelle, souverains de la chrétienté universelle, le premier exerce, en raison de la primauté des fins spirituelles, une autorité indirecte, normative et non prescriptive sur le gouvernement temporel des peuples chrétiens; le second dispose aussi d'une autorité indirecte, mais limitée au gouvernement temporel des États de la chrétienté, en vue de la défense de la religion. La défense de la foi a été le rôle du Saint-Empire, mais les circonstances historiques ont fait de l'Espagne le bras temporel de la chrétienté romaine.
La suffisance aveugle et l'arrogance blessante, qui aux yeux des puissances rivales caractérisent l'Espagne du XVIIe siècle, se fondent sur la conviction d'être le peuple élu de la Nouvelle Alliance. Il existe en Castille un puissant courant pacifiste, qui s'exprime avec vigueur aux Cortès tout au long du règne de Philippe II. Nombre d'arbitristes partagent ces aspirations. Qu'ils soient ou non réformateurs, les pacifistes constatent que la division de la chrétienté est irréversible. La monarchie espagnole doit préserver l'unité catholique de ses États; elle n'a pas la charge de la restaurer chez ses voisins.
Si beaucoup de penseurs estiment que la mission impériale de l'Espagne, au service de la catholicité romaine, est incompatible avec son redressement intérieur, aucun sans doute ne juge la réforme nécessaire inconciliable avec les finalités religieuses de l'État. Il paraît aujourd'hui que les finalités défendues par les arbitristes impliqueraient à terme la désacralisation de la politique.
3) L'échec des arbitristes
Entre 1620 et 1625, les arbitristes castillans ont pu croire leur heure venue. Sur le fond, Olivares est convaincu de la justesse de leurs vues. Le programme des mesures que Philippe IV soumet à la Grande Junte de réforme de 1623 autorise tous les espoirs. Mais si chacun applaudit à la réduction du nombre des officiers de l'État, personne n'est disposé à affaiblir sa clientèle locale par une réduction des emplois municipaux; tout le monde souhaite des caisses de dépôt et des monts-de-piété, à condition qu'ils soient financés par la Couronne et qu'ils ne lèsent pas les rentiers des censos. Enfin ni les lettrés des conseils, issus des grands collèges, ne souhaitent la promotion massive de jeunes gens méritants de plus humble extraction, ni l'aristocratie ne souhaite une restauration des biens communaux en faveur des paysans sans terre. Un dernier motif de malentendu mérite d'être signalé :le réveil national que les arbitristes entendent susciter implique une mobilisation civique, susceptible de rendre aux Cortès de Castille un rôle politique; le roi et Olivares entendent cantonner les auteurs de mémoires et les procureurs des Cortès dans le rôle subalterne de relais de l'État auprès de simples sujets.
Dans les annnées 1620 cependant (tout comme en France), il faut choisir entre une politique extérieure de prestige, et la réforme intérieure. Richelieu et Olivarès choisissent l'engagement à l'extérieur. L'arbitrisme prend peu à peu une connotation péjorative : dans les années 1630, le message n'est pas passé. Certains auteurs exagèrent ( cf. Cervantes, Nouvelles exemplaires, «Le colloque des chiens», ou encore Quevedo, La Hora de todos, où le Danemark est le pays des arbitristes).
Cependant, l'arbitrisme représente aussi la naissance de l'économie politique, qui ressurgit sous Charles II (1665-1700) et les Bourbons. "
Autres ressource :
- La Compagnie de Chinchon [http://www.aprogemere.fr/]
- Les chaudronniers cantaliens ou les GARCELON en Aragon [http://garcelon.free.fr/chaudronnier.html]