Alain Bourrier

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Alain Bourrier, né en 1946
Marguerite Gilbert, née en 1947

Le travail d’un généalogiste est éphémère car, quelque soit l’étendue de ses recherches, elles ne touchent que sa propre personne, éventuellement celle de sa femme et de ses enfants mais, une ou deux générations plus tard, tout est à refaire. En effet, ses enfants vont se marier, puis ses petits enfants et chaque nouvelle alliance apporte une branche supplémentaire à l’arbre, branche qui mériterait autant de soins que les précédentes.

Or, le généalogiste est mort et chaque génération qui passe double le nombre d’aïeux de son époque. Ils se poussent du coude au dessus du berceau du nouveau né, en faisant le vœu que ce soit un futur généalogiste, seul être capable de les extraire, parfois, de cette livide cohorte de fantômes.

Mon cher petit, qui que tu sois, ne va pas croire que j’aie le souci de l’immortalité. Je ne regrette, de mon passage sur cette terre, que la tendresse des vivants qui m’y côtoyaient. Ils méritent ces quelques lignes, écrites à ton intention, afin que tu les aimes, toi aussi, et les dépoussières un peu.

Tu as sans doute entendu parler de moi, car je détonne au milieu des centaines de paysans qui composent l’ascendance de ton aïeule, Marguerite GILBERT. Depuis 1550, ils vivent dans le Haut Anjou, et sont closiers, bêcheurs, métayers, laboureurs, propriétaires terriens.

Lorsque j’ai débarqué à BRISSARTHE, dans le Maine et Loire, en 1968, dans le seul but d’y poursuivre de mes assiduités la belle Marguerite, ils m’ont regardé avec une méfiance non feinte. Ils avaient bougrement raison. J’étais alors un étudiant maléfique. Ton aïeule m’a apprivoisé, pour ne pas dire éduqué. J’ai cru la séduire et ce fut elle qui me prit dans ses filets.

En cette fin d’hiver 2002, j’en suis encore tout emmêlé et nous allons fêter nos 33 ans de mariage. Je suis général de brigade, face au désert des tartares de ce début de millénaire et je ne m’en plains pas, une relative paix valant toutes les guerres. Dans la journée j’essaie de commander quelques centaines de personnes, dans la région de Bordeaux, le soir je suis aux ordres de Marguerite.

Je suis né le 6 Août 1946, à Frévent (62), c’était le jour de la transfiguration, et tu me vois là à huit ans avec mes cousins Michel DELEURY et Michel DELEURY, et oui, c’est comme ça. J’ai déjà un air martial malgré ma chaussette gauche qui tombe.


De 1959 à 1966, j’ai été enfant de troupe à l’Ecole Militaire Préparatoire Technique du Mans puis élève ingénieur à Angers, aux Arts et Métiers. J’ai signé un contrat avec l’armée en 1966, pour pouvoir payer mes études, et j’y suis encore bien que mon premier chef ait inscrit sur ma notation « jeune officier peu attiré par le métier militaire ».

Mais, trêves de bavardages, pourquoi suis je là au fait ?

Ah oui ! Si tu lis ces lignes c’est que tu t’intéresses un peu à ton vieil aïeul n’est ce pas ? Alors, je t ‘en prie, retrouve le vieux carton dans lequel j’ai rangé les 1200 actes de naissance, mariage, décès, de tes ancêtres. Il doit être dans le grenier de l’OUCHE, à BRISSARTHE, à moins que notre maison ne soit plus dans la famille. Je ne préfère pas y penser. Tu y trouveras une vieille lampe à huile. Si tu la frottes avec un chiffon de coton j’apparaîtrai. N’aie pas peur, c’est juste pour te dire où j’ai caché le trésor….

Alain BOURRIER, février 2002.